Analyse : Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano devrait annoncer la semaine prochaine son départ anticipé pour raisons de santé. L’agence aura sans doute du mal à désigner son successeur.
La Russie plaide pour une extension du mécanisme européen de compensation aux exportations de pétrole
Le départ de Yukiya Amano pourrait susciter une bataille pour son remplacement et le contrôle de l’AIEA, en pleine crise sur le nucléaire iranien.
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano, devrait annoncer, en début de semaine prochaine, son départ anticipé pour raisons de santé, sans doute dès le mois de mars 2020. À la tête de l’AIEA depuis 10 ans, le diplomate japonais accomplit actuellement son troisième mandat, censé expirer en novembre 2021.
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Yukiya Amano, 72 ans, n’avait pas assisté au conseil des gouverneurs extraordinaire du 10 juillet, convoqué, à la demande des États-Unis, pour examiner les derniers développements concernant le programme nucléaire iranien. En septembre 2018, il avait également manqué une réunion annuelle de l’AIEA à Vienne, siège de l’agence, en raison de soins. Élu une première fois en 2009 pour succéder à l’Égyptien Mohamed El-Baradei, Yukiya Amano avait été reconduit en novembre 2017 pour un nouveau mandat de quatre ans.
Une bataille en perspective pour le contrôle de l’AIEA
Son départ pourrait susciter une bataille pour son remplacement et le contrôle de l’AIEA, en pleine crise sur le nucléaire iranien. Cette dernière rassemble 171 États membres et il revient aux 35 États membres du conseil des gouverneurs de l’agence, comprenant notamment les pays les plus avancés en matière de technologie nucléaire, de nommer son directeur. L’AIEA joue un rôle central dans la lutte contre la prolifération nucléaire en permettant de vérifier les engagements pris par les pays signataires du Traité de non-prolifération (TNP). Ses experts contrôlent également le respect par Téhéran des engagements spécifiques pris dans le cadre de l’accord de 2015.
Washington pour un durcissement des inspections
Début juillet, l’AIEA a ainsi confirmé que Téhéran, en riposte au retrait américain de l’accord et au rétablissement des sanctions, a commencé à s’affranchir de certaines obligations pour son stock d’uranium enrichi et le taux d’enrichissement autorisé. Depuis son retrait de l’accord en mai 2018, l’administration américaine plaide pour étendre le champ des inspections de l’agence en Iran.
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De son côté, la Russie a réitéré son intérêt à rejoindre le mécanisme de compensation Instex mis en place par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, pour contourner les sanctions américaines en évitant d’utiliser le dollar. Moscou insiste toutefois pour que cet instrument soit utilisé pour les exportations de pétrole, et pas seulement réservé aux produits alimentaires et aux médicaments. Une telle extension reste peu probable car elle exposerait Instex à des sanctions américaines.
Quelques millions d’euros injectés dans Instex
Seulement quelques millions d’euros de crédit ont été injectés dans Instex, un montant très insuffisant pour parvenir à compenser les pertes de revenus de l’Iran. L’extraterritorialité des sanctions américaines a abouti au retrait des entreprises européennes et le commerce s’est effondré. Téhéran ne peut plus exporter son pétrole, et se voit privé ainsi de l’essentiel de ses revenus. Ses exportations de pétrole sont tombées de 1,5 million de barils par jour à 700 000 barils par jour.
Par François d’Alançon, publié le 18/07/2019 à 13h32, modifié le 18/07/2019 à 16h54
Photo: JOE KLAMAR/AFP
https://www.la-croix.com/Monde/Nucleaire-iranien-patron-lAIEA-depart-2019-07-18-1201036188
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