BUDGET 2021 : LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ATTENDRA

Lundi 28 septembre, le gouvernement a présenté son projet de budget pour la France, qui doit notamment donner corps au plan de relance et aux ambitions politiques de l’exécutif macroniste. Ce projet de loi de finance (PLF) 2021 doit aussi incarner, dixit le gouvernement, « l’accélération » de la transition écologique.

Le ministère de Barbara Pompili devrait ainsi profiter d’une augmentation de 800 millions d’euros, et 1,2 milliard de hausse en comptant aussi les sommes affectées au logement — l’an dernier, la transition écologique avait bénéficié d’une hausse similaire, de 830 millions d’euros, soit 2,6 % d’augmentation de son budget..

Mais pour les associations environnementales, c’est une douche froide. Greenpeace a estimé que « ce PLF 2021, reniant les recommandations de la Convention citoyenne pour le climat, est loin de tenir sa promesse de “verdir notre économie” et fait l’impasse sur le débat sur le partage de l’effort fiscal », tandis que le réseau Action climat (Rac) a regretté que « ce projet de loi de finances n’apporte aucune avancée significative sur les chantiers prioritaires de la transition écologique et solidaire ».

Dans le détail, les ONG ont pointé les lacunes écologiques de ce futur budget :

  • « Rien sur la baisse des subventions aux énergies fossiles ».
  • Pas de conditionnalités environnementales ni sociales : « Ce nouveau budget inclut notamment un plan de relance constitué d’une baisse pérenne de 20 milliards d’euros des impôts de production, à laquelle s’ajoutent 16 milliards d’aides aux entreprises, sans conditionnalités environnementales contraignantes », a expliqué Greenpeace.
  • Les financements pour la rénovation des logements privés, le développement des mobilités alternatives à la voiture individuelle ainsi que pour la transformation du monde agricole et les collectivités territoriales « restent bien en-deçà des besoins », selon le Rac.
  • Pas de malus poids pour les véhicules (qui permettrait de pénaliser l’achat de SUV polluants par exemple) ni de taxation des engrais azotés, « deux mesures pourtant proposées par la Conventions citoyenne pour le climat et sur lesquelles Emmanuel Macron s’est engagé à une reprise sans filtre », a observé le Rac.
  • Le nucléaire, la construction de nouvelles infrastructures routières, la 5G, l’agriculture de précision : « tant de technologies qui bloquent ou ralentissent la transition écologique seront soutenues », a dénoncé le réseau écologiste.

Du côté du ministère, on fait valoir « un effort sans précédent » en faveur de la production d’énergies renouvelables, de la prévention des risques naturels (205 millions d’euros, contre 137 millions l’an dernier), des aires protégées et de la biodiversité (35 millions d’euros), ainsi que dans le secteur ferroviaire (+ 170 millions d’euros) ou encore la rénovation thermique des bâtiments. Sauf que ces sommes se combinent avec une baisse de la masse salariale, à travers la perte de quelque 1.000 emplois.

« Le gouvernement cède aux sirènes du Medef au détriment du climat. Dans le même temps, les mesures budgétaires demandées par la Convention citoyenne pour le climat sont pour la plupart balayées d’un revers de main, comme la hausse de l’écotaxe sur les billets d’avion, l’encadrement des dividendes, la suppression des niches fiscales pour les industries fossiles, la taxation des engrais azotés ou encore le critère poids dans le malus automobile.« 
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

Le budget sera discuté et voté par les parlementaires cette automne, avant son adoption définitive d’ici la fin de l’année 2020.

Publié le 28 septembre 2020

Photo : Nick Youngson, CC BY-SA 3.0, The Blue diamond gallery.

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