NUCLÉAIRE. LA HAGUE : COMMENT LE COLLECTIF ANTI-PISCINE CONTINUE À MOBILISER

À l’entrée de la salle des fêtes de Beaumont-Hague (commune déléguée de La Hague, Manche), des pancartes interpellent sur la gestion des déchets radioactifs. À l’intérieur, la lumière s’est tamisée pour laisser place aux images. Des militants sont venus présenter et débattre du film qu’ils ont réalisé, Notre terre mourra proprement.

Une sorte d’histoire sociale des déchets du nucléaire, entre témoignages de lutte et images de l’Ina (Institut national de l’audiovisuel) et l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Écologistes et paysans reviennent sur quarante années d’opposition aux déchets nucléaires.

« Comment les populations ont réagi aux différents projets »

« C’est un film qui évoque la façon dont les déchets radioactifs ont été traités dans l’histoire de la filière nucléaire, explique Catherine Fumé, coréalisatrice. Au départ, il n’y a pas vraiment de gestion. Ce n’était pas pensé, pas pris en compte. Depuis quarante ans, cela s’est structuré autour de projets. Le but est de raconter comment les populations ont réagi aux différents projets. »

Le film souligne l’importance que peuvent prendre les habitants dans ces luttes et invite à tisser des liens entre les différents soulèvements qui ont eu lieu. Dans quelques années, peut-être qu’un film racontera l’histoire de la mobilisation du collectif Piscine nucléaire stop.

Un comité de suivi au plus tard en mars

Au début du mois d’octobre 2022, à l’issue de la phase de concertation préalable, EDF a confirmé son choix de poursuivre le projet de piscine d’entreposage de combustibles usés sur les emprises d’Orano La Hague. L’objectif de l’électricien est de préparer pour la fin de cette année le dossier de demande d’autorisation de création de l’installation, avec la perspective d’une enquête publique en 2025. Parallèlement, EDF a indiqué avoir entendu les critiques formulées et affiché la volonté de poursuivre la concertation, ce qui a été validé par les deux nouveaux garants nommés par la Commission nationale du débat public. Le comité de suivi pourrait être mis en place au plus tard en mars, précise Philippe Legrand, en charge des relations avec le territoire et porte-parole d’EDF sur le projet de piscine. « Il doit être représentatif et reconnu. C’est un rendez-vous que nous ne voulons surtout pas rater », assure Philippe Legrand. Ce comité doit associer élus, syndicats, associations et collectifs, et travailler plus particulièrement sur les impacts locaux du projet : l’insertion territoriale et paysagère, l’accès au site et au chantier…

Imposer son propre calendrier

L’objet de leur protestation ? Le projet de construction d’une piscine nucléaire par EDF sur le site d’Orano La Hague pour stocker sous eau des combustibles usés. Son coût est estimé à 1,25 milliard d’euros, sa superficie occuperait un terrain de 10 hectares et sa capacité permettrait d’entreposer sous l’eau jusqu’à 6 500 tonnes de combustibles usés. 

« Le collectif n’est pas anti-nucléaire. Nous le répétons à chaque fois, parce que cette étiquette qu’on nous colle n’est pas justifiée. L’industrie de l’atome est implantée sur la presqu’île depuis longtemps. Elle est sujette à trop de clivages. Cela nous semble éluder le cœur du problème. Le projet d’EDF est imposé de manière complètement antidémocratique. » (L’une des membres du collectif Piscine nucléaire stop)

Au sein du collectif, des groupes de travail ont été formés depuis septembre 2022. Chacun peut s’y inscrire. La volonté, désormais, est d’organiser son propre agenda. Jusqu’ici, les militants ont surtout répondu à l’agenda d’EDF, aux concertations locales. L’idée est de continuer à organiser des événements, à l’instar du ciné-débat du soir. Une deuxième édition du carnaval verra également le jour.

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Débats et cartes de vœux

Le débat public sur l’extension du parc nucléaire français, débuté fin 2022, se poursuit sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP). Une réunion se tenait ce jeudi 19 janvier via visioconférence. 

Aucune des dix réunions n’était organisée sur les déchets nucléaires. Après mobilisation à Paris en novembre, la CNDP a décidé d’organiser une onzième réunion, à ce propos. À cause d’un calendrier contraint et de difficultés d’organisation, elle a lieu aujourd’hui (vendredi 20 janvier) en visio, avec une jauge maximale de 200 personnes.

Le collectif Piscine nucléaire stop

Celle-ci étant dépassée, un tirage au sort a été effectué pour savoir qui pouvait y participer. Une autre séance aura lieu à Tours le 16 février. Plusieurs organisations écologiques appellent à s’y mobiliser pour dénoncer colère et désarroi. Par ailleurs, le collectif a créé une carte de vœux, qu’il distribue dans les différentes cérémonies de vœux dans les communes déléguées de La Hague.

« Le collectif essaie de motiver les élus à se positionner pour ou contre le projet, commente une militante. Pour le moment, il n’y a pas eu de positionnement clair de la part des élus de La Hague. Nous les avons rencontrés la semaine dernière pour en débattre. »

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Par Julien Munoz, (La Presse de la Manche), publié le 20 janvier à 18h10

Photo en titre : Ce mardi 17 janvier 2023, à Beaumont-Hague (Manche), le collectif Piscine nucléaire stop organisait une projection du film « Notre terre mourra proprement ».

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