EDF a indiqué que des restrictions de production d’électricité pourraient être mises en œuvre dans certaines centrales. La faute à la canicule et aux risques de réchauffement excessif des cours d’eau.
Comme un air de déjà-vu. Alors que 28 départements sont placés ce samedi en vigilance orange canicule par Météo France, EDF envisage de réduire la production des centrales du Bugey (Ain), et du Golfech (Tarn-et-Garonne) en raison des fortes chaleurs attendues ce week-end dans la région Rhône-Alpes. Une mesure devenue habituelle car prise à de nombreuses reprises les années précédentes.
« En raison des prévisions de températures élevées sur le Rhône, des restrictions de production sont susceptibles d’affecter le site de production nucléaire du Bugey à partir du 20 août 2023 », indique EDF sur son site. Il en est de même pour celle de Golfech sur la Garonne le 21 août. La centrale du Tricastin (Drôme), d’abord évoquée par EDF, n’est plus concernée par ce risque de restriction de production.
« Un à deux degrés maximum »
Bien qu’elle n’affecte pas la sûreté nucléaire, l’eau perturbe le fonctionnement des centrales. Ces dernières en ont besoin en grandes quantités pour « refroidir l’ensemble de leurs circuits », explique Emmanuelle Galichet, maître de conférences en sciences et technologies physiques au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Elles prélèvent de l’eau froide et, une fois utilisée, celle-ci est rejetée dans la nature à une température plus élevée que lorsqu’elle avait été prélevée.
C’est la raison pour laquelle les centrales nucléaires ont toutes été construites au bord d’un fleuve, de la mer, d’un estuaire ou à proximité d’un canal. La centrale du Bugey est située au bord du Rhône et celle du Golfech en bordure de la Garonne. Le dispositif est identique pour les différents types de centrales qu’elles soient nucléaires, à gaz ou à charbon.
Cette augmentation du thermomètre dans l’eau est d’« un à deux degrés maximum », estime Ludovic Dupin, directeur de l’information de la Société française d’énergie nucléaire. Mais en période de canicule, les points d’eau déjà chauds constituent un problème pour EDF dont le fonctionnement des centrales est encadré par des décisions de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur la base d’une étude d’impact. La réglementation fixe ainsi des limites en conditions climatiques normales. Au-delà, la production est réduite voire arrêtée.
« Multiplication des indisponibilités »
« L’entreprise est soumise à des seuils de température maximale dans le rejet des eaux afin de préserver la faune et la flore », explique Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). « Pas plus de 26 °C à Bugey et 28 °C à Golfech », précise-t-elle. Avec la canicule en cours, ces seuils de températures risquent d’être atteints dans le Rhône.
Rejeter de l’eau encore plus chaude pourrait alors provoquer l’asphyxie des poissons, la baisse des cours d’eau et la prolifération d’algues. C’est pourquoi les sites nucléaires doivent limiter la puissance des réacteurs, sans que cela n’ait de conséquences sur la consommation des ménages.
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À l’été 2022, deuxième plus chaud jamais mesuré après 2003, EDF avait pour la première fois bénéficié d’un régime de dérogation sur le site du Golfech et du Bugey pour continuer à produire au-delà des seuils d’échauffement. Selon un rapport de la Cour des comptes, publié en mars dernier, cette problématique devrait s’accentuer à l’avenir car il pourrait y avoir « une multiplication par trois ou quatre des indisponibilités liées au réchauffement climatique à échéance de 2050 ».
Par Osséma Khemissi, publié le 19 août 2023 à 11h00
Photo en titre : La centrale nucléaire de Golfech dans le Tarn-et-Garonne, pourrait devoir réduire sa production. AFP/Jean-Marc Barrère/Hans Lucas.
https://www.leparisien.fr/societe/canicule-pourquoi-des-centrales-nucleaires-vont-diminuer-leur-production-delectricite-19-08-2023-JLJWPQTD2FBPZHZDTG6O26DXQI.php
NDLR : … il pourrait y avoir « une multiplication par trois ou quatre des indisponibilités liées au réchauffement climatique à échéance de 2050 ». Je trouve cette estimation bien optimiste… sauf bien entendu si les seuils de température à ne pas dépasser sont augmentés (comme cela est déjà arrivé !)
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