« CHRONIQUE DE LA FRANÇATOMIQUE »

Devinez qui a écrit ceci : « L’urgence de la décarbonation ne doit pas conduire à négliger le temps de la réflexion sur les choix énergétiques faits ou à faire, y compris lorsque ces choix s’orientent vers le nucléaire. Ce dernier choix énergétique ne peut être dispensé d’une réflexion approfondie et partagée quant à ses conséquences compte-tenu des irréversibilités qu’il engage. Le choix de développer l’énergie nucléaire a des conséquences temporelles comparables à celles du changement climatique sans que le fardeau des conséquences des décisions d’aujourd’hui ne soit porté par ses décideurs. Plus encore, ce choix énergétique va accélérer le développement des installations nucléaires et multiplier les risques qui leurs sont associés. »

Et bien ce n’est pas un opposant au nucléaire mais une instance officielle de la Françatomique, la commission d’éthique et de déontologie de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), dans sa contribution au débat public sur le projet d’EDF de construire de nouveaux EPR à Penly et ailleurs. Cette contribution a été délibérée le 26 février 2023 et publiée dans un communiqué daté du 03/03/2023 sur le site de l’IRSN : https://www.irsn.fr/actualites/communication-commission-dethique-deontologie-lirsn-pour-contribution-debat-public

En plus de ceux indiqués ci-dessus, il y a d’autres arguments fort intéressants dans cette « contribution au débat public ». Mais, à ma connaissance, elle n’a pas été médiatisée. Elle n’a par contre pas échappé aux nucléaristes et autres nucléocrates du gouvernement.

Vous avez sans doute entendu parler du projet gouvernemental de dissoudre l’IRSN dans l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). La « contribution au débat public » de l’IRSN n’est sans doute pas étrangère aux « dessous du projet » du gouvernement que la cellule investigation de Radio France a identifié dans un dossier détaillé présenté samedi dernier à 13h30 sur France Inter:  https://www.radiofrance.fr/franceinter/surete-nucleaire-enquete-sur-les-dessous-du-projet-de-fusion-entre-l-asn-et-l-irsn-3546700

France 2 a enquêté de son côté sur la « gestion » des déchets nucléaires et mis en évidence qu’EDF, Orano et l’Andra n’avaient pas attendu le projet gouvernemental de dissolution de l’IRSN pour censurer, au prétexte de la protection de secrets commerciaux, un rapport de cet institut qui ne leur convenait pas. https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/complement-d-enquete/video-dechets-nucleaires-le-scenario-noir-de-l-arret-des-centrales-edf_6116022.html

Il s’agit en effet d’un rapport « sensible » car il concerne les déchets nucléaires et la prochaine « saturation » des piscines d’entreposage de « combustibles usés » à La Hague. Cette saturation pourrait, en théorie, obliger l’ASN à faire stopper la production de « combustibles usés » c’est-à-dire exiger l’arrêt de la production d’électricité nucléaire. https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/expertise/rapports_gp/IRSN_Rapport_GPU_Cycle-2016_25052018v21012020.pdf

Et pendant que le gouvernement tente de dissoudre tout ce qui pourrait entraver la fuite en avant de la Françatomique, que quelques médias tentent de médiatiser les dégâts, le « mouvement antinucléaire » tente de s’organiser pour s’opposer à la « relance du nucléaire« .http://collectif-adn.fr/index.html#resistance

Localement, la coordination Stop Bugey, Greenpeace Lyon, Les Soulèvements de la Terre Lyon et le Réseau « Sortir du nucléaire » ont prévu un rassemblement dimanche 22 octobre, sur le pont Wilson (rive droite) à Lyon entre 11h et 15h : « 80 ans de nucléaire, du poison pour l’éternité« .

Par François Vallet, message reçu le 14 octobre 2023 à 23h08