L’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) s’inquiète de plus en plus du manque d’intérêt des États membres sur le dossier épineux du nucléaire iranien.
Une situation inquiétante ?
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a appelé la communauté internationale à ne pas faillir en Iran comme elle l’a fait en Corée du Nord, aujourd’hui dotée de la bombe atomique. Depuis 2021, l’instance onusienne peine à contrôler le programme nucléaire iranien, qui ne cesse de monter en puissance bien que Téhéran nie vouloir fabriquer une bombe.
Or, Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA, déplore ces derniers temps « un déclin de l’intérêt des États membres », une « banalisation » du dossier qui se retrouve éclipsé par un agenda international chargé.
L’Iran a décidé en septembre de retirer l’accréditation de huit inspecteurs, un geste « sans précédent » selon l’AIEA. Les puissances occidentales s’en étaient tenues à une « déclaration conjointe » soutenue par une soixantaine de pays, exhortant l’Iran à « agir immédiatement » pour résoudre les contentieux avec l’AIEA. Une prise de position jugée inacceptable par le gouvernement iranien.
L’organisation onusienne déplore par ailleurs depuis des mois la déconnexion de nombreuses caméras de surveillance et l’absence d’explications au sujet des traces d’uranium découvertes sur deux sites non déclarés.
Un parallèle avec la Corée du Nord
« Nous devons déployer tous nos efforts (…) pour empêcher un pays qui a la capacité de développer des armes nucléaires de passer à l’acte », a déclaré le directeur général de l’AIEA, dans un message vidéo adressé au James Timbie Forum, conférence sur la non-prolifération organisée cette semaine par le Département d’État américain. « Nous avons constaté un échec de ce type en Corée du Nord, (pays) qui a franchi la ligne rouge en 2006 » en procédant à son premier essai nucléaire, a-t-il rappelé dans cette allocution.
Les inspecteurs de l’AIEA, dont le siège se trouve à Vienne, en Autriche, ont été expulsés de Corée du Nord trois ans plus tard. Ils surveillent désormais les activités de ce pays depuis l’étranger. Cette situation « a accru les incertitudes et dangers dans la péninsule coréenne et en Asie », a souligné Rafael Grossi. « C’est pour cela que nos efforts actuels en Iran sont si fondamentaux et pourquoi le soutien de la communauté internationale et bien sûr des États-Unis est indispensable ». « Nous sommes les yeux et les oreilles du monde » dans le pays, a-t-il insisté.
L’Iran s’est affranchi progressivement des engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015, en réaction au retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump. Ce pacte était censé limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales. Des discussions menées à Vienne par les différentes parties prenantes pour le ranimer ont échoué l’an dernier.
Par latribune.fr, avec AFP, publié le 17 octobre 2023 à 18h27
Photo en titre : L’Iran a décidé en septembre de retirer l’accréditation de huit inspecteurs, un geste « sans précédent » selon l’AIEA. (Crédits : Reuters)
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