« EDF NE VEUT RIEN DIRE » : À L’EPR DE FLAMANVILLE, DES CONVOIS DE COMBUSTIBLES QUI POSENT QUESTION

Un deuxième convoi de combustibles nucléaires a quitté le site de l’EPR de Flamanville (Manche), renvoyé chez Framatome, ce vendredi 27 octobre 2023. Des va-et-vient qui soulèvent des interrogations.

Il est 5 h 10 du matin, ce vendredi 27 octobre 2023, devant le chantier de l’EPR de Flamanville (Manche). Yannick et Nathalie Rousselet campent dans leur voiture pour Greenpeace, sur le parking extérieur. Aucune banderole déployée. Les deux militants ont simplement endossé leur blouson aux couleurs de l’ONG pour être bien identifiables. Ils sont là pour documenter les va-et-vient de transports nucléaires qu’ils considèrent suspects, notamment pour son horaire inhabituel.

Une opération qui soulève des questions

Une semaine heure pour heure après un premier convoi, un deuxième camion banalisé, chargé de combustible nucléaire neuf, quitte le site en catimini. Direction : Romans-sur-Isère et son usine Framatome (filiale d’EDF), où sont fabriqués les assemblages, soit un retour à l’envoyeur. L’aspect furtif et répété de l’opération soulève de nombreuses questions.

EDF concède renvoyer 17 de ces assemblages. Mais pour quelle raison ? En théorie, tous ceux parvenus à la centrale qui prépare son démarrage en 2024 sont aptes à être introduits dans le réacteur (241 assemblages). L’énergéticien s’en est en effet fait livrer 64 de rechange, dits renforcés. Ils doivent remplacer ceux qui auraient dû être installés en périphérie de dispositif et s’avèrent non conformes, à cause de ruptures de ressorts constatées dans les cages d’assemblages de l’EPR jumeau de Taishan (Chine).

« EDF ne veut rien dire »

Les 64 autres devaient rester sur place. Ce qui met la puce à l’oreille du référent campagne nucléaire de Greenpeace : « L’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) a confirmé qu’une partie des assemblages prévus pour l’EPR est aussi affectée par un problème de corrosion de gaines (autre souci identifié à Taishan). Ceux qui sont réexpédiés en font-ils partie ? Si les 17 renvoyés chez Framatome font partie des 64 renforcés, ça remettrait même en cause le démarrage. Mais sur le sujet, EDF ne veut rien dire… »

L’opérateur, en effet, joue de l’ambiguïté dans ses réponses aux questions que nous lui avons posées. Mais Greenpeace et l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) ont rendez-vous le 5 novembre, et le dossier sera posé sur la table. Avant l’assemblée générale de la CLI (Commission locale d’information) de la centrale, où EDF devra se montrer plus précis et transparent.

Par Olivier CLERC, publié le 27/10/2023 à 14h55

Photo en titre : Il est 5 h 10, ce vendredi 27 octobre 2023 : un deuxième convoi banalisé, chargé d’assemblages de combustibles nucléaires, quitte l’EPR de Flamanville pour Romans-sur-Isère. | OUEST-FRANCE

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