SURETÉ NUCLÉAIRE : L’ASN JUGE INACCEPTABLES LES IRRÉGULARITÉS CONSTATÉES SUR LE SITE D’AREVA AU CREUSOT

ASNMercredi 25 mai, Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a présenté à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) le rapport de l’Autorité sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2015.

Pierre-Franck Chevet est revenu sur la découverte des défaillances à l’usine du Creusot (Saône-et-Loire). Tout a débuté à l’issue des premiers examens effectués sur la cuve de l’EPR qui ont abouti à « une évaluation pas très positive ». Deux questions se sont alors posées :

Première question : est-ce que d’autres pièces souffrent des mêmes défauts de ségrégation de carbone dans l’acier ? « La réponse est oui », répond-il, rappelant que quelque 400 dossiers présentent des irrégularités.

Deuxième question : comment l’anomalie a-t-elle été découverte ? Pierre-Franck Chevet déplore que les tests complémentaires à l’origine de la découverte des défauts de la cuve de l’EPR aient été réalisés à la demande insistante de l’ASN, Areva les jugeant inutiles.

Ces défauts n’ont pas été découverts par « la voie classique » des contrôles en interne, critique-t-il. L’ASN a donc demandé à l’entreprise de faire un audit de ces procédures. Le résultat a fait apparaître des « irrégularités », explique Pierre-Franck Chevet, précisant qu’« [il] emploie ce mot à dessein«  car des anomalies avaient été détectées en interne mais pas déclarées à l’ASN ou à l’opérateur qui a reçu les équipements. Concrètement, Areva ouvrait des « dossiers parallèles«  pour suivre ces défauts, sans les diffuser aux acteurs concernés. Ces pratiques sont « inacceptables« , assène-t-il.

Du côté des préoccupations de l’ASN, son président est revenu sur les besoins en personnel. L’Autorité fait face à des « enjeux sans précédents«  et elle manque de moyens humains. « On était devant un mur, maintenant nous y sommes », explique Pierre-Franck Chevet, rappelant que l’ASN a alerté de longue date sur ce sujet. Elle aurait besoin de recruter 140 à 150 personnes, mais elle n’a obtenu que dix postes par an pour les années 2015, 2016 et 2017. Dans l’immédiat, Pierre-Franck Chevet se satisferait de 30 postes supplémentaires en 2017 qui s’ajouteraient aux dix déjà validés. « Des discussions sont en cours avec le ministère de l’Environnement, mais on ne peut pas dire qu’elles soient faciles« , rapporte le président de l’ASN, qui comprend bien les difficultés budgétaires auxquelles fait face le Gouvernement.

Quant aux quatrièmes visites décennales à proprement parler, elles devraient entrainer une nouvelle surcharge de travail…

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