LE SITE DE STOCKAGE DE DÉCHETS RADIOACTIFS DE SAINT-PIERRE TRANSFORMÉ EN PARC D’ATTRACTION D’UN NOUVEAU TYPE?

CRIIRADCOMMUNIQUÉ DE PRESSE de la CRIIRAD du mercredi 15 juin

Les sites de stockage de résidus d’extraction de l’uranium ne sont pas adaptés au développement d’activités récréatives: leur accès doit être interdit au public! Devant la violation répétée des prescriptions réglementaires et l’inertie de l’autorité préfectorale, la CRIIRAD saisit la Ministre de l’Environnement, demande la clôture du site, la démolition des ouvrages illégaux et la sanction des infractions.

Entre 1958 et 1985, le site de Saint-Pierre (Cantal) a abrité des activités d’extraction et de traitement du minerai d’uranium. Les opérations de lixiviation ont généré près de 600000 tonnes de résidus d’extraction. Il s’agit de déchets radioactifs, caractérisés par des activités massiques supérieures à 100000 Bq/kg, par des durées de vie extrêmement longues et par la présence de radionucléides de très forte radiotoxicité. Ils relèvent de la catégorie FA-VL et devraient à ce titre, étant donné leur niveau de dangerosité, être conditionnés dans des conteneurs étanches placés dans des alvéoles spécialement aménagées et construites dans un site choisi pour ses caractéristiques géologiques favorables. Rien de tout cela à Saint-Pierre: les résidus radioactifs ont été déversés en vrac dans les diverses excavations et bassins de décantation du site, sans aucun dispositif d’étanchéité. De plus, à la fermeture du site, en 1986, plusieurs parcelles, dont certaines  abritaient les résidus radioactifs, ont été rétrocédées à la mairie. C’est ainsi qu’un camping, un lotissement, un terrain de football, un stand de tir,…ont été construits à l’intérieur du périmètre initial du site d’extraction (des matchs de foot au-dessus de quelques 200 000 tonnes de résidus radioactifs!). Suite aux actions lancées par les associations locales, aux constats de contamination dressés par le laboratoire de la CRIIRAD et à la diffusion, début 2009, du documentaire «Uranium: le scandale de la France contaminée», des avancées avaient été obtenues: décontamination (partielle) du lotissement, décision de clôture du site, mise en place de servitudes d’utilité publique destinées à préserver l’intégrité de la couche de terre (parfois très fine) qui recouvre les déchets.

Où en est-on aujourd’hui? Le périmètre du site n’est toujours pas clôturé! Le grillage qui a été mis en place n’isole que 10% des déchets radioactifs, le public accède librement aux autres zones de stockage. AREVA n’a pas honoré ses engagements et le Préfet n’a pas effectué les vérifications prévues par la circulaire ministérielle du 22/07/2009. Le défaut de clôture du site constitue pourtant une violation caractérisée de l’article 10 de l’arrêté du 26 juin 2015 qui prescrit que « l’installation ou l’établissement est clôturé sur tout son périmètre par un grillage ou dispositif équivalent d’une hauteur minimale de 2 m», l’accès devant être «interdit à toute personne non autorisée». Les arrêtés préfectoraux de 1986 et 2012 définissent des servitudes interdisant toute atteinte aux couches de recouvrement des déchets radioactifs: pas d’excavation, pas de fondation, pas de construction, même légère, pas de plantation. Ces interdictions restent lettre morte et les infractions se poursuivent en toute impunité: construction, encore récemment, dans une zone à déchets radioactifs, d’une fontaine ainsi que d’une stèle commémorant l’ancienne église du village sans compter la plantation d’un arbre de plusieurs mètres. On ignore où sont passées les matières excavées…

http://www.criirad.org/actualites/uraniumfrance/saintpierre/2016-06-15_cp_St-pierre_cloture.pdf

Lire la lettre de la CRIIRAD à Mme Royal du 10/06/2016 sur :

http://www.criirad.org/actualites/uraniumfrance/saintpierre/2016-06-10-lo_min-envt_St-P-cloture.pdf