COMMENT ON NOUS A DISSIMULÉ LES DANGERS DU NUCLÉAIRE (1/2 et 2/2)

LenoirEntretien avec Yves Lenoir, auteur de « la Comédie atomique »

Les plus grossières invraisemblances et les mensonges les plus éhontés ont  pris l’apparence de vérités scientifiques comme celle du bilan officiel publié sous le titre de «Chernobyl Forum Report», un groupe d’experts qui a concocté durant presque 3 ans, de 2002 à 2005, ce qu’il présente comme le bilan sanitaire définitif de l’accident. Son rapport a été signé par tous les bureaux, agences et organisations de l’ONU et par les gouvernements des trois pays les plus touchés, le Belarus, la Russie et l’Ukraine. Seuls les effets indéniablement causés par les radiations sont reconnus: les 50 décès par irradiation aigüe et les 4 000 cancers de la thyroïde, facilement curables soi-disant, chez les enfants. Il annonce quelques milliers de cancers mortels dans les 50 années à venir parmi la population des pays touchés. Et pas plus: un miracle. Le «Chernobyl Forum Report» (CFR) est un composant essentiel de la machine à produire ignorance, déni et préservation de l’image de l’énergie atomique.

Si le «Chernobyl Forum Report» n’est pas fiable, quel est le bilan véritable ?

Le bilan sanitaire de l’accident de Tchernobyl ne sera jamais complètement établi. Distinguons les deux groupes humains les plus affectés par l’exposition aux radiations: les enfants d’une part et les liquidateurs – soldats, employés de la centrale et équipes extérieures chargés de «liquider» les conséquences de l’accident. Les doses reçues par les liquidateurs étaient soit fortes (elles vous rendent malades et invalides), soit mortelles. Seules une partie de ces dernières a été reconnue (les cinquante morts du bilan).

Il faudra que des historiens se penchent un jour sur le destin des milliers, voire dizaines de milliers, de ces jeunes soldats rapidement décédés pour être montés à l’assaut de Tchernobyl durant les premières semaines cruciales du nettoyage du site, mais aussi de tous les civils sans doute encore plus nombreux employés durant les longues semaines de la construction du sarcophage, achevée à la hâte le 1er octobre 1986.

Car la série d’oukazes pris par le gouvernement Gorbatchev visait à couper tout lien entre les expositions aux radiations et le décompte des morts dans les années ultérieures: interdiction faite aux militaires ayant effectué les tâches les plus dangereuses en mai 1986 d’en parler à quiconque, même à leur famille ; instauration immédiate d’une «Commission de liquidation» ayant le monopole sur toutes les informations concernant les séquelles de l’accident ; plus tard, après que les dégâts humains ont commencé à s’exprimer, le ministère de la Santé de l’URSS a imposé le 27 juin 1987 aux médecins civils le secret sur les traitements entrepris et les résultats dosimétriques pendant la liquidation de la tragédie. Ce qu’on appelle une chape de plomb, non pas pour protéger les hommes des radiations mais pour préserver l’énergie atomique de la mesure du désastre humain qu’elle a su engendrer

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