LE RUSSE ROSATOM COMPTE BIEN PROFITER DES DÉBOIRES DU NUCLÉAIRE FRANÇAIS

Sans titreDemain matin, débute au Bourget la seconde édition de la World Nuclear Exhibition. Un congrès marqué par les bouleversements de la filière française. Areva est au bord de la faillite. EDF vit des heures difficiles. L’électricien qui doit reprendre les réacteurs d’Areva est sorti du CAC 40 l’an dernier. Il n’a toujours pas signé le contrat britannique des deux EPR d’Hinkley Point. Les problèmes de nos champions contrastent avec la situation des groupes nucléaires étrangers. Le Coréen Kepco travaille sur le chantier des Émirats (le contrat perdu par les français fin 2009). Les Chinois terminent les EPR de Taishan.

Quant au Russe Rosatom, il est en pleine forme. Dans un entretien aux Échos, son directeur général adjoint en charge de l’international, Kiril Komarov, indique avoir gagné les contrats de construction pour 36 réacteurs à l’étranger, dont seize sont déjà en chantier. Tous sont des réacteurs de troisième génération VVR 1200. Le carnet de commandes du groupe s’élève à 110 milliards de dollars contre 34 milliards pour Areva. Le Russe, qui vise 130 milliards d’ici à la fin de l’année, a des ambitions partout dans le monde: au Moyen-Orient, en Asie, dans des pays comme le Bangladesh ou le Vietnam, mais aussi en Europe. « Neuf nouveaux réacteurs sont en construction (sur le Vieux Continent, NDLR) dont sept utilisent des technologies russes, indique Kirill Komarov. Nous cherchons d’autres marchés au Royaume-Uni où on suit de près Hinkley Point. » 

Voilà Paris et Londres avertis. Si pour une raison ou une autre, EDF devait renoncer à l’EPR britannique, inutile de chercher bien loin la compagnie prête à prendre la relève. Le modèle économique de Rosatom c’est « Build, Own, Operate », c’est-à-dire on construit, on possède, on exploite. A l’étranger, le groupe exporte uniquement les réacteurs ayant déjà fonctionné en Russie. Soit l’exact contraire d’Areva, dont le premier EPR fut signé en Finlande avec la réussite que l’on sait: coûts multipliés par trois à 9 milliards d’euros, retard de près de dix ans, négociations rompues entre Areva et son client TVO (les deux parties se réclament mutuellement des milliards d’euros d’indemnités)…

Selon l’expert Lionel Taccoen, directeur de la lettre Géopolitique de l’électricité, la grande force de Rosatom est d’avoir continué à construire des centrales, La France, dont la dernière centrale est sortie en 1991, a vu son processus interrompu pendant seize ans. L’autre atout de Rosatom est d’être soutenu par Moscou. Son président Sergueï Kirienko est un ancien premier ministre de Boris Eltsine et un proche de Vladimir Poutine. « Rosatom n’a pas vraiment de comptabilité, indique Lionel Taccoen. Comme ils ne connaissent pas le coût de ce qu’ils vendent, ils ont la possibilité de proposer des prix attractifs. » A l’exportation, le Russe est l’incontestable numéro un du nucléaire. Pas sûr cependant qu’il conserve longtemps son hégémonie, car les Chinois se montrent menaçants. Eux aussi sont soutenus par le pouvoir politique. Et la Chine, on le sait, a beaucoup d’argent.

NDLR : si EDF et Areva NP continuent à vendre des réacteurs, ce sera comme d’habitude : à perte, seul moyen de faire quelques ventes devant un concurrent qui se fiche du prix de revient. C’est pourquoi il faut abandonner immédiatement ce marché et le nucléaire en général.

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