ESSAIS NUCLÉAIRES EN POLYNÉSIE FRANÇAISE : QUEL IMPACT POUR LES POPULATIONS EXPOSÉES ?

CRIIRADIl y a 50 ans, le 2 juillet 1966, la France réalisait une première explosion nucléaire sur l’atoll de Moruroa en Polynésie. Entre 1966 et 1974, la France a réalisé 46 essais nucléaires atmosphériques à Moruroa et Fangataufa. Certains de ces essais ont entrainé des retombées radioactives très importantes sur des îles et atolls habités, à plusieurs centaines de kilomètres des lieux des tirs. Lire le communiqué de presse de la CRIIRAD dont quelques extraits ci-dessous.

…Des comparaisons effectuées par la CRIIRAD avec les rares données militaires officielles sur les retombées de 1966 à 1974 font apparaître une irradiation importante liée au passage de masses d’air contaminées suite à certains des essais atmosphériques. Le 2 juillet 1966, le niveau de radiation aux Gambier était plus de 1000 fois supérieur à celui relevé, en France métropolitaine, après le passage du nuage de Tchernobyl. Les photographies reproduites en annexe montrent que, sur l’île de Mangareva, les militaires étaient protégés des retombées radioactives par un blockhaus en béton armé avec des murs de 60 centimètres d’épaisseur, tandis que les populations n’ont pu s’abriter, et seulement après 1967, que dans un simple «hangar»…

Le dépôt au sol des radionucléides contenus dans l’air a entraîné, à l’époque des essais, une contamination très importante des eaux, des sols et des denrées alimentaires. La radioactivité des eaux de pluie a dépassé par exemple aux Gambier, le 26 septembre 1966, 850 millions de fois le niveau de radioactivité naturel. Les évaluations de doses conduites par la CRIIRAD en 2006, à partir des rares documents classés rendus publics à l’époque par la revue Damoclès, montent que certaines retombées ont pu conduire à une irradiation externe et interne des populations conduisant à des risques sanitaires non négligeables et dans certains cas inacceptables, au sens des normes de radioprotection internationales(plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de milliSieverts par an). Ces évaluations montrent que les bilans officiels publiés par la DIRCEN4en 1998 (quelques milliSieverts par an au maximum) sous-estiment fortement l’impact radiologique des retombées sur la population. Les évaluations de doses officielles ne prennent pas en compte toutes les retombées, ne tiennent pas compte de la radiosensibilité très élevée des enfants, négligent certains radionucléides comme les isotopes du plutonium, le tritium et le carbone 14 -pourtant présents dans les retombées comme l’ont montré les résultats de la campagne de mesure réalisée en 2005 par la CRIIRAD à Tureia et Mangareva. Ces évaluations officielles ne tiennent pas compte, par ailleurs, des modes de vie réels des populations (ingestion directe des eaux de pluie par exemple)…

http://www.criirad.org/actualites/dossiers2006/polynesie/CRIIRAD2016-07-01-polynesie-essais-nucleaires.pdf