L’ACCIDENT DE FUKUSHIMA A DISPERSÉ DES « BILLES » DE CÉSIUM RADIOACTIF JUSQU’À TOKYO

Billes de césiumLors de la conférence de géochimie Goldschmidt organisée du 26 juin au 1er juillet à Yokohama, au sud de Tokyo, une équipe réunissant des chercheurs de différentes universités, notamment de Kyushu (sud-ouest du Japon) et de Nantes (Loire-Atlantique), a révélé que 89 % des émissions de césium radioactif des trois réacteurs dont le cœur a fondu en mars 2011, l’ont été sous la forme de microparticules de verre.

Celles-ci ont été décelées dans les poussières recueillies, le 15 mars 2011, par un filtre à air installé sur un bâtiment de Suginami, un arrondissement de l’ouest de Tokyo

D’une taille comprise entre 0,58 et 5,3 micromètres (millionièmes de mètres), elles sont composées principalement de silice et contiennent également du fer, du zinc, du plomb et du chlore. Elles concentrent une forte quantité de césium 134 et de césium 137, deux isotopes radioactifs qui constituent des produits de fission de la réaction nucléaire…

La particularité de ces microbilles de verre est d’être, à masse équivalente, « beaucoup plus irradiantes » que les autres aérosols, parce que le césium y est très concentré, explique Bernd Grambow, directeur de l’unité de recherche Subatech (École des mines de Nantes, CNRS, université de Nantes), qui a participé à ces travaux. Mais aussi d’être plus persistantes, car elles sont, sinon insolubles, beaucoup plus difficilement dissoutes.

Ces caractéristiques posent la question de leur impact sanitaire potentiel. D’autant que si la radioactivité du césium 134 diminue de moitié tous les deux ans, celle du césium 137 n’est divisée par deux qu’au bout de trente ans. Ces radionucléides, s’ils sont ingérés ou inhalés, se fixent sur les muscles. « Comme tous les radionucléides incorporés, le césium est susceptible, en fonction de la durée et de la dose d’exposition, d’augmenter la probabilité d’apparition de cancers radio-induits, sur le long terme », expose Jean-René Jourdain, directeur adjoint de la protection de l’homme à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français…

La détection de ces microparticules à Tokyo, à 230 km de la centrale endommagée, confirme en tout cas l’importance des rejets radioactifs et l’étendue des zones touchées dans les jours qui ont suivi la fusion de trois des six réacteurs de l’installation de Fukushima, après le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Le professeur Utsunomiya précise :

La présentation de ces analyses, qui devraient faire l’objet d’une publication dans une revue scientifique, survient alors que le gouvernement cherche à relancer le nucléaire au Japon. Actuellement, seuls les deux réacteurs de la centrale Sendai, dans le département de Kagoshima (sud-ouest), ont redémarré.

http://www.lemonde.fr/energies/article/2016/07/06/l-accident-de-fukushima-a-disperse-des-billes-de-cesium-radioactif-jusqu-a-tokyo_4964380_1653054.html