Une opinion du Dr Philippe De Salle, président de l’AMPGN (Association médicale pour la prévention de la guerre nucléaire).
…Personne ne croit véritablement à l’utilité de l’armement nucléaire dans les conflits asymétriques actuels (Moyen-Orient, Afrique, Ukraine…) ou pour combattre le terrorisme. Il est donc urgent d’agir pour que ces armes fassent l’objet d’un processus d’élimination générale, progressif et contrôlé.
Une dynamique nouvelle appelée « L’engagement humanitaire » a conduit au rassemblement de 127 nations désireuses de combler le vide juridique actuel qui empêche la condamnation des État détenteurs de la bombe comme l’ont été les utilisateurs des armes chimiques, bactériologiques, des mines antipersonnel et les armes à sous-munitions.
On comprend que toutes les organisations abolitionnistes ont vibré à l’occasion du discours historique d’Obama à Prague en 2009 où il promettait de tout faire pour arriver à « un monde sans armes nucléaires« . Le prix Nobel de la paix a réitéré ses promesses à Berlin en 2013 au début de son second mandat. L’intensité de la déception est à la hauteur du gigantesque espoir qu’il avait suscité car aucun progrès significatif pour le désarmement n’a été accompli durant son mandat. Pire : son administration investit massivement dans la modernisation des armes nucléaires…
Nous pensons qu’Obama est toujours resté sincère avec lui-même, mais qu’il n’a jamais eu les coudées franches pour accomplir tous les objectifs qu’il se proposait. Il semble qu’il a voulu en faire trop et que la réforme de la santé ainsi que d’autres problèmes sociaux furent une priorité avant le désarmement. Ce faisant, il a perdu le capital politique indispensable pour imposer un programme de désarmement non seulement au Congrès mais aussi au sein de sa propre administration. De celle-ci dépendent deux ministères qui sont le département de la Défense et celui de l’Energie, en charge du programme nucléaire américain. Ces ministères entretiennent des liens très étroits avec le Parti républicain et leur objectif est de poursuivre la production et le perfectionnement de l’armement (aviation, missiles et bombes).
Le complexe militaro-industriel américain est extrêmement puissant. Il assure un grand nombre d’emplois et le maintien de nombreux laboratoires nationaux et c’est grâce à un permanent lobbying auprès du Congrès pour obtenir son approbation, qu’il pèse significativement sur les décisions en matière d’armement. À Wall Street, la seule valeur sûre, c’est l’armement. Or, la majorité des citoyens américains investisseurs possède dans son portefeuille des actions qui ont un rapport avec les armes et l’énergie…
Pour Obama, le désarmement est pratiquement une mission impossible. En âme et conscience, il plaide souvent, mais en vain, pour réglementer les armes en vente libre sur son territoire. A chaque tuerie, à chaque fusillade il essaye de faire évoluer les mentalités de ses concitoyens mais il reste beaucoup à faire. Pour un président américain, promettre la lune (comme l’a fait Kennedy) est plus facile que promettre le désarmement.
http://www.lalibre.be/debats/opinions/desarmement-nucleaire-mission-impossible-577fbf1e3570142c14452e91
Commentaires récents