Les fédérations de l’énergie CGT, CFE-CGC et FO ont accusé vendredi le président François Hollande d’être passé outre l’avis des salariés sur le projet de construction de deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point, en Angleterre, après la décision d’EDF de trancher ce dossier la semaine prochaine.
EDF a annoncé jeudi soir avoir convoqué un conseil d’administration le 28 juillet pour prendre une décision finale sur ce projet controversé de 18 milliards de livres (21,6 milliards d’euros), à l’origine de fortes tensions au sein de l’entreprise.
Cette décision a été prise avec l’accord du président de la République qui cautionne ainsi ce passage en force, passant outre l’avis des salariés, et qui en est donc le premier responsable, ont écrit dans un communiqué les trois fédérations qui demandent depuis plusieurs mois un report du projet.
Annoncé le lendemain d’un nouveau 49.3 pour la loi Travail et le jour même d’une perquisition de l’Autorité des marchés financiers (AMF) au siège d’EDF, ce passage en force en dit long, aux yeux de l’intersyndicale, sur la conception du dialogue social de ce gouvernement, poursuivent les trois organisations.
Elles évoquent une violation du comité central d’entreprise d’EDF avec une prise de décision avant même une audience en justice prévue le 22 septembre. EDF avait déjà convoqué unilatéralement le CCE pour rendre son avis, sans attendre le résultat de cette action en référé de l’instance pour obtenir des informations supplémentaires sur le projet.
Qualifiant de vaste escroquerie intellectuelle et de faute politique la présentation du chantier britannique comme le moyen de sauver la filière nucléaire française, CGT, CFE-CGC et FO estiment au contraire qu’il risque d’avoir des conséquences dramatiques sur cette filière industrielle, les investissements d’EDF sur le territoire national et par conséquent l’emploi en France.
La priorité de la filière est le grand carénage (travaux de maintenance lourde des centrales pour prolonger leur durée de vie), affirment les trois fédérations. Elles rappellent aussi avoir demandé début juin une mission sur l’avenir de la filière nucléaire qui actualiserait les travaux de la mission Roussely de 2010.
Chaque administrateur sera face à ses responsabilités pour considérer si oui ou non l’état de la filière nucléaire ou l’engagement d’un chantier sans attendre la fin de ceux engagés (Flamanville…) permettent ou pas de lancer sereinement ce projet, concluent-elles, en se disant plus que jamais déterminées.
http://www.romandie.com/news/Hinkley-Point-Hollande-passe-outre-lavis-des-salaries_RP/722829.rom
Commentaires récents