Un pilote de drone amateur a filmé et diffusé sur les réseaux sociaux une vidéo aérienne de la centrale nucléaire de Leibstadt en Argovie. Une pratique légale (NDLR : en Suisse), mais irresponsable, selon la société exploitante.
C’est l’«Aargauer Zeitung» qui le premier a repéré cette vidéo postée sur Facebook et YouTube le 5 août, et qui raconte la genèse de ce vol de drone polémique: comment un pilote amateur a utilisé sa machine juste au-dessus de la centrale nucléaire de Leibstadt, en Argovie.
Les images sont impressionnantes. Dans la première partie, le drone plonge dans le panache de fumée de la tour de refroidissement. La seconde partie est encore plus spectaculaire avec la vue aérienne de la même tour, cette fois à l’arrêt. La centrale de Leibstadt est en maintenance depuis le 2 août 2016 pour quatre semaines, ce qui laisse à penser que cette dernière séquence a été filmée entre le 2 et le 5 août, sa date de publication sur YouTube.
Un voisin qui veut «lancer le débat»
Découvrant ces images, la société exploitante, la KKL, s’est indignée de l’irresponsabilité du pilote. «La vapeur d’eau aurait pu entraîner la panne de l’appareil. Les lignes électriques à haute tension sont aussi un risque», explique une porte-parole. Sans parler du scénario catastrophe d’un attentat, évoqué par des nombreux commentaires très critiques publiés sur YouTube, commentaires aujourd’hui désactivés.
L’auteur de ce survol ne se cache pourtant pas. Jürg Knobel habite à proximité de la centrale. Contacté par le quotidien argovien, il justifie sa démarche de manière assez floue: «Je voulais lancer le débat sur la facilité des drones à survoler nos installations nucléaires», explique-t-il, défendant «une démarche dans l’intérêt du public».
Une pratique pourtant légale
Contestable sur le plan de la sécurité, cette pratique est pourtant bien légale, comme le rappelle l’Office fédéral de l’aviation civile. Contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne ou la France, le survol par un drone d’un site nucléaire en Suisse n’est pas interdit, comme il l’est pour un aérodrome ou un site militaire par exemple. Cité par l’«Aargauer Zeitung», un autre pilote amateur de drone évoque un code d’honneur tacite actant l’absence de survols de site vulnérables.
Ce n’est pas la première fois que le survol des installations nucléaires en Suisse fait polémique. En 2014, la centrale de Mühleberg avait été photographiée par le drone d’un blogueur militant antinucléaire, comme l’a raconté la RTS. En France cette même année, des vols similaires avaient été détectés au-dessus de cinq centrales françaises (dont celle de Fessenheim), relançant le débat sur leur sécurité.
Pour Leibstadt, la KKL n’a pas renoncé à faire supprimer cette vidéo des réseaux sociaux. Elle a d’ailleurs adressé une lettre à YouTube: «Nous n’avons pas approuvé l’utilisation de cette vidéo et nous considérons donc sa publication sur YouTube comme irrecevable.» Ce vendredi, la vidéo était toujours en ligne et affichait plus de 40 000 visites.
https://www.letemps.ch/suisse/2016/08/11/un-drone-amateur-survole-centrale-nucleaire-leibstadt
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