COUP DE TABAC SUR L’EUROPE, “LA PAIX FROIDE”

CriméeMoscou a décidé, en réaction à l’installation par l’OTAN d’une base de défense antimissile à Deveselu en Roumanie, de moderniser sa station-radar antimissiles de Dniepr en Crimée. Après l’implosion de l’URSS en 1989, cette station fut récupérée par l’Ukraine qui la loua à la Russie jusqu’en 2008, année de la déclaration des autorités de Kiev de leur souhait de rejoindre l’OTAN. La station va être reconfigurée pour détecter et intercepter les missiles hypersoniques (Match 6) et balistiques (Match 20) lancés depuis la mer Noire ou de Méditerranée. On peut cependant émettre quelques doutes…

…Bouclier contre bouclier ou contre-mesures contre d’autres contre-mesures…, restons sérieux, il y a un fossé entre la détection et l’interception d’un bombardier stratégique et un missile balistique. Les missiles balistiques intercontinentaux (IBM) se déplacent à près de Match 20 soit près de 23 760 km/heure (un Match correspond à la vitesse du son, 330 m/sec ou 1180 km/h). La fenêtre d’interception est de quelques minutes (phase d’approche) seulement avant le largage des têtes nucléaires… Quant à l’interception pendant la phase propulsion, elle relève du rêve. Imaginez l’accélération, le MB français développe une poussée de 180 tonnes, c’est comme d’atteindre une formule 1 avec un lance-pierre ! S’il est possible de le détecter, peut-il être rattrapé ? Cela dépend de sa trajectoire : tendue, en cloche, ou semi-balistique, s’il s’agit d’un missile manœuvrant (déploiement de gouvernes), prédire sa trajectoire reste un véritable défi. Quand bien même, un autre obstacle surgit, à une telle vitesse il est quasiment impossible de guider un missile afin de le diriger sur sa cible. La seule possibilité en l’état actuel de la technologie de missile antimissile est d’exploser à proximité et libérer des pièces métalliques… Autre alternative, le recours à un antimissile à tête nucléaire (le Galosh russe). L’explosion nucléaire est capable de mettre hors service de nombreux appareils électroniques dont les radars. Une impulsion électromagnétique dure moins du milliardième de seconde (10^-9), par comparaison, un éclair met 1 000 fois plus de temps à atteindre sa puissance maximale. On a observé pour la première fois les effets des EMP le 9 juillet 1962, quand les États-Unis firent exploser une bombe « H » de 1.4 mégatonnes à 400 kilomètres au-dessus des îles Johnson situées dans le Pacifique. L’impulsion électromagnétique déclencha les alarmes de la ville d’Honolulu pourtant située à 1 200 kilomètres du lieu de l’explosion !

Si l’option d’une riposte graduée n’est pas écartée définitivement, la possibilité d’un conflit plus traditionnel semble se profiler avec le déploiement de quatre bataillons en Estonie, Lettonie, Lituanie, et Pologne où d’importantes manœuvres (Anakonda) avaient mobilisé 30 000 hommes afin de rassurer ces anciennes républiques soviétiques. Un retour en arrière nous fait-il courir le risque d’un « dérapage » ?

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