Alors que les relations entre les deux pays ne cessent de s’envenimer, les accords russo-américains concernant les recherches dans le domaine de l’énergie nucléaire et la non-prolifération ont été gelés. Vladimir Poutine vient d’annoncer qu’il reportait sa venue à Paris prévue le 19 octobre.
La coopération scientifique entre la Russie et les États-Unis dans le domaine de l’énergie nucléaire a connu ces jours-ci un sérieux coup de froid. Le 5 octobre, le Kremlin a annoncé qu’il interrompait, de façon unilatérale, toutes les collaborations engagées entre l’entreprise d’État Rosatom et le département américain de l’Énergie. Signé en 2013, l’accord prévoyait une coopération scientifique sur de nombreux sujets : réacteurs de nouvelle génération, matériaux fissiles, sureté et non-prolifération nucléaires, recherches sur la fusion thermonucléaire, traitement de sites pollués par des substances radioactives, etc. C’était la première fois, depuis la fin de la Guerre froide, que les deux parties échangeaient sur un pied d’égalité dans le domaine la recherche nucléaire.
De quoi fabriquer 17.000 bombes nucléaires
Le 3 octobre, Vladimir Poutine avait déjà suspendu l’accord russo-américain sur le recyclage des excédents de plutonium militaire. Les deux nations s’étaient engagées à transformer 34 tonnes de ces surplus en combustible Mox, mélange contenant du dioxyde de plutonium et du dioxyde d’uranium appauvri. De telles quantités permettent en théorie de fabriquer 17 000 bombes nucléaires.
Pour les autorités russes, il s’agit de « contre-mesures » aux sanctions imposées par les Américains depuis l’annexion de la Crimée et le soutien qu’apporte Vladimir Poutine aux séparatistes ukrainiens. Mais l’échec des pourparlers sur un cessez-le-feu en Syrie et les critiques adressées par Washington suite aux bombardements russes sur la ville Alep, qui évoque des « crimes de guerre » et réclame l’ouverture d’une enquête ont, semble-t-il, précipité les choses. D’où ces mesures de rétorsion.
Moscou utilise la coopération scientifique dans le nucléaire comme une arme politique pour faire pression sur les États-Unis : « Nous voulons que les Américains comprennent qu’ils ne peuvent pas, d’un côté, introduire des sanctions contre nous là où cela ne leur porte pas trop préjudice, tout en poursuivant, de l’autre, une coopération sélective dans les domaines où ils en retirent des avantages », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Samedi, la Russie a par ailleurs installé des missiles Iskander-M (qui peuvent transporter des têtes nucléaires sur une portée de 700 kilomètres) dans son enclave de Kaliningrad, aux portes de l’Otan.
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