Le canton de Genève défendra la sortie du nucléaire dans le cadre de la campagne de votation du 27 novembre initiée par l’initiative des Verts. La nouvelle nous a été confirmée jeudi par le magistrat écologiste Antonio Hodgers.
Une bonne nouvelle. Tout d’abord pour des raisons démocratiques. Genève met ainsi en œuvre l’article antinucléaire de sa constitution. Cela semble aller de soi. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Cette disposition figure dans la charte fondamentale du canton depuis 1986, mais les mouvements antinucléaires ont dû lutter pour que le principe soit traduit en actes. La lutte paie.
Politiquement, ensuite, l’évolution des mentalités est frappante. Le Parti démocrate-chrétien genevois a basculé dans le camp des opposants à l’atome; près de 40% des délégués libéraux viennent de dire leur méfiance par rapport au nucléaire. Une sacrée évolution, si l’on pense à l’époque où les opposants aux centrales atomiques étaient traités comme des chiens galeux.
Sur le plan de l’écologie, enfin. Le scrutin du 27 novembre marquera-t-il un tournant? Le fait que des exécutifs se mouillent peut inciter des hésitants à oser imaginer une Suisse à l’abri d’un Fukushima ou d’un Tchernobyl.
Car la campagne sera rude. Le lobby nucléaire a noyauté en profondeur le parlement suisse, qui est, dans son fanatisme pronucléaire – Doris Leuthard leur apparaît comme une dangereuse gauchiste –, tout de même en décalage avec la population suisse.
Cette dernière a pu, dans le passé, montrer sa méfiance face à l’atome. Les arguments qui vont être sortis de derrière les fagots pour contrer cette sensibilité environnementale s’inscrivent dans la nouvelle rhétorique populiste qui fait florès à Berne et séduit jusque dans les rangs des partis dits centristes. Gageons que les affiches promettant un régime de douches froides et de menus sans viande qui ont tant servi pour contrer l’initiative sur l’économie verte vont retapisser nos murs. À nous de ne pas être dupes et de préférer un monde plus durable et plus sûr. C’est-à-dire à l’abri d’un risque technologique majeur.
http://www.lecourrier.ch/143283/coherence_antinucleaire
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