… Prolixe sur les renouvelables, la PPE est en revanche très laconique sur le volet nucléaire. Elle reprend bien l’objectif de réduction à 50 % de la part de l’atome dans le bouquet électrique à l’horizon 2025. De même que le plafonnement de la capacité nucléaire française à son niveau actuel de 63,2 GW, comme en a décidé la loi de transition énergétique. La fermeture des deux réacteurs de la centrale alsacienne de Fessenheim, par décret abrogeant l’autorisation de leur exploitation, est elle aussi entérinée, en prévision de l’entrée en service, fin 2018, de l’EPR de Flamanville (Manche).
Mais, au-delà de ces deux unités, combien de réacteurs seront-ils mis à l’arrêt – et quand – pour organiser la décrue du nucléaire ? Le document n’en dit mot. Il avance seulement une fourchette de réduction de la production annuelle d’électricité nucléaire allant de 10 à 65 térawattheures (TWh), en 2023. Ce qui, rapporté à une production de 417 TWh en 2015, équivaut à la déconnexion de deux réacteurs, dans l’hypothèse basse, et d’une dizaine, dans l’hypothèse haute.
« Cette fourchette pourra être révisée, en fonction de l’augmentation de la production renouvelable et des efforts d’efficacité énergétique », souligne Mme Royal. La ministre, qui refuse toute « posture idéologique » sur l’atome, dit ne pas vouloir « opposer les énergies » entre elles. « Le nucléaire restera le socle de notre mix électrique, précise-t-elle, mais il sera progressivement réduit dans le respect des prescriptions de l’Autorité de sûreté nucléaire et des enjeux de sécurité d’approvisionnement. »
Les décisions sur le dimensionnement du parc nucléaire, sur les réacteurs appelés à fermer et ceux maintenus en activité, sont donc remises à plus tard. Elles seront prises « au cours de la deuxième période de la PPE ». C’est-à-dire après 2019… sous un autre gouvernement. Cela, même si EDF devra, dans « un délai maximal de six mois » à compter de la publication de la PPE, établir « un plan stratégique compatible avec les orientations de [cette] programmation », en respectant l’objectif de 50 % de nucléaire.
« Sujet tabou »
Pour les ONG, le compte n’y est pas : « Si la PPE donne des orientations ambitieuses concernant le développement des énergies renouvelables, elle reste muette sur le nucléaire, sujet tabou, déplore Anne Bringault, du Réseau action climat et du Réseau pour la transition énergétique. En ne faisant pas, dans les faits, la place aux renouvelables et à l’efficacité énergétique, le gouvernement met en péril la tenue des objectifs de transition énergétique et la création de milliers d’emplois locaux associés. »
Les associations ne sont pas seules à rester sur leur faim. La mission parlementaire sur l’application de la loi de transition énergétique, dans un rapport présenté mercredi 26 octobre par Jean-Paul Chanteguet, député (PS) de l’Indre et président de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, regrette « que la PPE ne joue pas son rôle programmatique, en n’anticipant aucune piste ».
Membre lui aussi de la commission du développement durable, Bertrand Pancher, député (UDI) de la Meuse, est encore plus sévère. Il dénonce « une absence totale de trajectoire claire pour le nucléaire » et, plus largement, une « incapacité à enclencher une véritable transition énergétique ».
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http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/10/27/la-france-renvoie-definitivement-a-l-apres-quinquennat-la-reduction-du-nucleaire_5021663_3244..html#xtor=RSS-3208
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