La ministre a estimé que la Suisse devrait se rationner en électricité comme la Belgique si l’initiative «Sortir du nucléaire» est acceptée le 27 novembre. C’est faux, selon Bruxelles.
La campagne sur l’initiative en faveur de la sortie programmée du nucléaire, soumise aux citoyens le 27 novembre prochain, bat son plein. Pas un jour sans que opposants et partisans bataillent sur le sujet, à commencer par la ministre en charge du dossier, Doris Leuthard, opposée au texte des Verts. Et celle-ci est accusée vendredi dans l’Aargauer Zeitung de prendre un peu trop ses aises avec la vérité dans ses arguments contre le sujet.
En effet, dans une interview accordée au journal Nordwestschweiz, elle a indiqué que si le peuple disait oui à l’initiative le 27 novembre, la Suisse risquerait alors la pénurie d’électricité et que le Conseil fédéral devrait peut-être intervenir à la manière de la Belgique. Et d’avancer que le gouvernement là-bas avait décidé de rationner le courant pour les ménages de 10h à 14h.
Le gouvernement belge dément
Hic: les propos de Doris Leuthard ont été vérifiés par le quotidien alémanique. Et il s’avère que la ministre s’est un peu trop avancée. Elle a été contredite par le gouvernement belge lui-même via son ambassade à Berne. Celle-ci a expliqué que cette mesure a bel et bien été envisagée, mais seulement en cas de blackout total, dû à un problème technique. L’ambassade a également souligné que ce plan n’avait jamais été activé jusqu’ici.
Interpellé, le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) s’est défendu de tout mensonge de la part de sa ministre. Sa porte-parole a reconnu toutefois que les propos de Doris Leuthard «n’étaient pas tout-à-fait exacts.» Selon le DETEC, elle se référait à une campagne du gouvernement belge pour sensibiliser la population à économiser l’énergie à certains moments de la journée.
Ce n’est pas la première fois que la conseillère fédérale exagère dans cette campagne sur le nucléaire, relève encore l’Aargauer Zeitung. Elle a indiqué récemment dans une interview que la part du charbon dans le mix énergétique de l’Allemagne était encore de 50%. Or, celle-ci n’était que de 42% en 2015 dans les faits.
Il faut dire que la situation de Doris Leuthard est délicate dans ce dossier, ce qui explique peut-être ses erreurs, plutôt inhabituelles pour la ministre réputée pour son éloquence et sa connaissance à fond de ses sujets.
En effet, les derniers sondages montrent que le oui à la Sortie du nucléaire l’emporterait dans les urnes. Or, si elle est milite en faveur de l’abandon de l’atome, elle est contre le calendrier trop rapide selon elle imposé par les Verts via leur texte. En outre, elle doit faire face à un référendum de l’UDC contre sa stratégie énergétique 2050 qui remettrait en question la sortie de l’atome s’il est accepté par le peuple.
http://www.tdg.ch/suisse/Doris-Leuthard-deforme-la-verite-et-se-fait-pincer-/story/17406977
Commentaires récents