« Il y a un siècle les radio-nucléïdes artificiels étaient absent des sols. Aujourd’hui on en retrouve principalement à cause des essais nucléaires des années 50-60, de l’accident de Tchernobyl, des rejets des usines et aussi de Fukushima », explique Julien Syren, invité par la Frapna et Marc Papillon
La semaine dernière, la Frapna organisait dans ses locaux valentinois un atelier d’identification des champignons. L’occasion pour la Criirad de présenter les résultats de son étude conduite 30 ans après l’accident de Tchernobyl. Elle met en évidence une radioactivité encore présente dans ces aliments !
En 1986, le monde découvrait les ravages d’un accident nucléaire avec la catastrophe de Tchernobyl. Passe sur le nuage sélectif qui évita soi-disant soigneusement nos cieux, bien vite la Criirad démontra que non seulement les cumulo-nimbus ne connaissaient pas les frontières, mais qui plus est, que la pluie tombée à la même époque apporta son lot de radioactivité à nombre de produits consommés bien loin de l’Ukraine.
Rien d’étonnant dès lors que les scientifiques du laboratoire indépendant né dans la Drôme ne décident de vérifier, 30 ans plus tard, comment la nature avait, ou non, digéré ces becquerels…
Mardi soir, à l’occasion d’un atelier mycologique organisé par la Frapna, Julien Syren, ingénieur qui a conduit ces recherches, est donc venu dévoiler les résultats de son étude (par ailleurs accessible en ligne sur le site de la Criirad). « En 1987 et 1997, la Criirad a analysé 900 champignons dont 400 ramassés en Rhône-Alpes, explique-t-il. Les champignons sont des organismes capables de fixer certains polluants, dont le Césium 137. Donc ce sont de bons marqueurs pour Tchernobyl, mais aussi pour les essais nucléaires des années 50-60. »
36 échantillons sur 38 contenaient du césium
En 1997, un classement des champignons avait été publié. Des plus contaminés (petits gris, chanterelles jaunissantes et pieds de mouton) aux moins contaminés (coulemelles), sans oublier les “intermédiaires”.
« Cette fois, nous n’avons pas été aussi ambitieux », tempère Julien Syren. À l’automne 2015, qui pourtant ne fut guère généreux en la matière, des bénévoles ont néanmoins réussi à cueillir en Drôme, Ardèche et dans d’autres départements voisins, de quoi produire une quarantaine d’échantillons. « Sachant que pour être analysés, les champignons sont réduits en poudre et qu’il faut donc au moins 200 à 500 grammes de frais pour fabriquer un échantillon… »
Au final sur 38 échantillons, 36 contenaient encore du Césium 137 dont 3 à plus de 1 000 becquerels par kilo sec (et certains comme le “bolet bai” jusqu’à 3 000 Bq/kg). Alors que le taux de Césium baisse de moitié au bout de 30 années. On peut dès lors imaginer l’état du sol il y a 30 ans et des végétaux…
« Le but n’est pas de dire d’arrêter de cueillir les champignons. Mais attention si vous êtes de gros consommateurs et si, en plus, vous mangez du gibier qui en a lui-même consommé. Des études ont prouvé que le Césium pouvait s’accumuler dans le cœur, et on sait qu’il existe des risques avérés de cancer. »
Et Marc Papillon, directeur de la Frapna renchérit : « Nous, on ne veut pas arrêter les champignons, mais les usines nucléaires. Ce n’est pas innocent pour la santé publique : un accident contamine durablement la nature. Et on sait très bien que si quelque chose survenait au Tricastin, c’est 1 000 kilomètres alentour qu’il faudrait évacuer ! »
Criirad : Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité. Site web : http://www.criirad.org/
Article de Mireille ROSSI
http://www.ledauphine.com/environnement/2016/11/11/30-ans-apres-tchernobyl-des-champignons-encore-radioactifs
Commentaires récents