L’ÉTAT NATIONALISE AREVA TA

areva-taSelon nos informations, Areva doit signer ce jeudi les documents de cession de sa filiale Areva TA que le groupe nucléaire détenait à 83,5%. Dans le cadre de cet accord, l’Agence des participations de l’État (APE) rachète à Areva plus de 50% de sa filiale spécialisée dans la conception et la maintenance des réacteurs nucléaires de bâtiments militaires français (sous-marins et porte-avions). Pour sa part, le groupe naval DCNS monte dans le capital de l’ex-Technicatome, passant de 6,5% à 20% tandis que le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) prend une participation de 20%. Enfin, EDF détiendra au moins 9% d’Areva TA.
Le closing (bouclage de l’opération) pourrait intervenir d’ici à la fin de l’année, mais, plus surement, début 2017. La filiale d’Areva serait valorisée entre 450 et 500 millions d’euros. Areva TA aura douze administrateurs, dont la moitié représentera l’État (6), un tiers les salariés (4) et le reste DCNS et le CEA (un administrateur chacun).

Une activité de souveraineté nationale
Pourquoi cette volonté de mieux contrôler Areva TA, qui conçoit et assure la maintenance des réacteurs nucléaires de propulsion navale? Parce qu’Areva TA était mal pilotée en raison d’une gouvernance trop dispersée du fait d’une multiplicité de comités mis en place par Areva, jugeait-on dans l’entourage du ministre en décembre 2015 au moment du lancement de cette opération. Surtout, le ministère estimait que la difficile diversification d’Areva TA dans les réacteurs de recherche faisait « peser un risque sur une activité de souveraineté ». Notamment la dérive financière du programme réacteur Jules Horowitz (RJH), dont la facture pourrait s’élever jusqu’à 1,2 milliard d’euros, voire 1,5 milliard au lieu de 600 millions initialement prévus.
Un groupe de travail interministériel
En mai, un groupe de travail est lancé par Jean-Yves Le Drian pour décider de l’avenir d’Areva TA. Il est présidé par le directeur de cabinet du ministre, Cédric Lewandowski, et comprend des membres de l’Élysée, de Matignon, des ministères de l’Économie et des Finances, de la Défense, de l’APE (Agence des participations de l’État), du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ainsi que des groupes concernés (Areva, EDF, DCNS). Enfin, le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) assure quant à lui la coordination du projet dans un cadre interministériel.
Tous les scénarios ont été étudiés par le groupe de travail : Areva TA reste dans la nouvelle Areva, ou rejoint DCNS ou le CEA ou EDF, ou, encore, devient une entité autonome. Au final, le groupe de travail décide en juillet de « nationaliser » Areva TA, l’État ayant le contrôle de l’entreprise. En outre, il est décidé de ne pas découper Areva TA entre les activités de défense (200 millions d’euros de chiffre d’affaires) et de recherche (150 millions d’euros). Sur les 1.500 salariés, environ 500 travaillent aussi bien dans le civil que dans le militaire. Soit une « trop grande imbrication«  de ces deux activités pour faire un « détourage » satisfaisant, assurait-on en décembre dernier.

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