En début de semaine, des foyers ont été privés d’électricité par manque d’approvisionnement. Raphaël Homayoun Boroumand, auteur de 20 idées reçues sur l’énergie, était l’invité de Jean-Jacques Bourdin, ce jeudi matin pour critiquer la gestion hasardeuse d’EDF.
Un risque de pénurie électrique est-il envisageable en France? C’est la question posée dans Bourdin Direct au docteur en économie Raphaël Homayoun Boroumand.
Pour l’économiste, il ne fait aucun doute que la France a mal géré son investissement dans le nucléaire et se retrouve maintenant dos au mur: La France va consommer autant que les années précédentes mais va disposer de 10 à 15% de capacité de production en moins en raison de l’arrêt de 9 à 10 réacteurs nucléaires (pour raison de maintenance). La réalité c’est qu’il ne faut pas avoir une vision trop optimiste de notre système électrique. EDF est face à un mur d’investissement.
La firme s’est lancée dans des projets qui sont davantage des paris industriels. Il y a un problème de folie des grandeurs. Pour preuve, son directeur financier a démissionné récemment, justifiant un risque qui est réel. Ils se sont lancés dans une fuite en avant et devraient peut-être décaler le projet d’EPR (réacteur nucléaire de troisième génération, ndlr) en Grande-Bretagne pour maîtriser les risques.
« Il faudrait couper l’électricité dans plusieurs zones sur 2 ou 3 heures »
La France est traditionnellement un pays exportateur d’électricité, mais cet hiver c’est plutôt une importation d’électricité en provenance d’Allemagne et d’Espagne qui s’est observée.
La France est le pays le plus nucléarisé au monde, donc quand on a un problème sur le nucléaire, on doit importer à cause de l’absence de diversité de production d’électricité. Quand on importe, c’est parce qu’on a des pointes de consommation et c’est à ce moment que les prix explosent.
Le nucléaire dans le monde compte pour 13% d’électricité, contre 76% en France. De plus, le nucléaire de deuxième génération qu’on pensait rentable ne tenait pas compte du coût complet du nucléaire. Or, si on inclut le démantèlement, le nucléaire est caractérisé par des coûts croissants et on a un vrai problème de compétitivité.
Si on connaissait des périodes de froid plus intense, il faudrait couper l’électricité dans plusieurs zones sur 2 ou 3 heures.
Bourdin Direct avec A. Benyahia
Retrouvez cet article et la vidéo de BFM (2mn49s) sur :
http://rmc.bfmtv.com/emission/edf-il-y-a-un-probleme-de-folie-des-grandeurs-1078333.html
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