Le conseiller national PDC valaisan Yannick Buttet s’oppose à la tribune de Christoph Blocher dans nos colonnes. Il défend la stratégie énergétique 2050 et appelle au soutien des énergies renouvelables et non du nucléaire.
Le nucléaire a été l’énergie de la seconde moitié du XXe siècle. Si cette source d’électricité a été promue à l’époque, c’est souvent moins pour ses vertus énergétiques que pour son intérêt stratégique et, à chaque fois, le développement du nucléaire civil était accompagné d’intentions ou d’actes militaires.
Loin d’être un antinucléaire primaire, je suis de ceux qui veulent simplement permettre à la Suisse de rester à la pointe dans tous les domaines, notamment dans le domaine énergétique.
Le nucléaire a vécu, vive le renouvelable!
Nous ne devrions pas à avoir à subventionner une production d’énergie. Malheureusement les visées stratégiques des uns et des autres faussent totalement ce marché et mettent nos producteurs sous pression. Nous n’avons dès lors, si nous postulons la nécessité de rechercher une certaine autonomie énergétique et d’assurer un prix attractif à long terme, aucun autre choix que de soutenir notre production d’énergie ou disons plutôt d’électricité indigène.
Quitte à subventionner nos électriciens, autant que ce soit avec une source d’énergie qui puisse faire face aux défis du futur plutôt que flatter une nostalgie mal sentie. Le nucléaire a vécu, vive le renouvelable!
Un projet équilibré, un projet suisse
N’en déplaise aux ayatollahs des énergies fossiles, la stratégie énergétique 2050 développée par le Conseil fédéral et le parlement est un projet équilibré qui conjugue économie d’énergie et promotion des énergies renouvelables indigènes dans l’intérêt de la sécurité de notre approvisionnement et du porte-monnaie de notre économie et de nos ménages. Il s’agit d’une vision à long terme, qui parle évidemment moins aux actionnaires à courte vue mais plutôt aux investisseurs et aux citoyens misant sur la durabilité.
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En clair, il s’agit de dégager des moyens afin de soutenir financièrement et par des conseils d’experts les économies d’énergie dans les bâtiments et dans les processus industriels tout en permettant le développement accéléré des énergies renouvelables produites chez nous. Le coût estimé de cette nouvelle politique énergétique est de 40.FS annuels par ménage, un prix abordable pour un avenir durable et… sans risque nucléaire. Quand on sait que ces montants seront réinvestis dans notre pays et qu’ils permettront de nous libérer un peu plus de la tutelle étrangère dans le domaine énergétique, on conclut rapidement à un investissement bien placé.
La force hydraulique, le vrai fleuron de notre production électrique
Contrairement à ce que certains veulent nous laisser penser, la Suisse ne fait pas figure de cancre dans la production d’énergie renouvelable, tant s’en faut. Au contraire, nous produisons une majorité de notre électricité au moyen de sources renouvelables, et depuis longtemps, grâce à nos barrages, qu’ils soient au fil de l’eau ou à accumulation.
Si nos aïeux ont vu juste depuis plus d’un siècle, la production hydraulique gagne en importance dans le contexte actuel et futur d’une production renouvelable et décentralisée nécessitant des capacités de stockage importantes. Nos barrages ont été, sont et seront encore durant de nombreuses années le fleuron de notre production électrique. Nous devons en être conscients et soutenir à leur juste mesure nos installations hydroélectriques.
Penser à demain
Vouloir subventionner le nucléaire mais non les nouvelles énergies renouvelables, c’est postuler le passéisme de notre pays et basculer dans le déni de la réalité actuelle. Avec l’opposition faite par une petite minorité à la stratégie énergétique 2050, j’ai appris que le repli sur soi et la peur de l’avenir pouvaient aussi s’étendre à des domaines plus éloignés du champ politique. Une leçon à retenir…
Article rédigé par Yannick Buttet, conseiller national PDC valaisan.
https://www.letemps.ch/opinions/2017/02/10/yannick-buttet-nucleaire-vecu-vive-renouvelable
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