Les pourfendeurs des ambitions hégémoniques de l’Iran ont perdu un allié de poids au sein de l’administration Trump avec le départ du « faucon » Michael Flynn. Démis de ses fonctions pour des échanges illicites avec l’ambassadeur russe à Washington, pendant la période de transition du pouvoir, le général Michael Flynn connaît depuis lundi son successeur au poste prestigieux, bien qu’à l’influence fluctuante, de Conseiller à la sécurité nationale : Herbert Raymond McMaster. Ce général de 54 ans, toujours en activité, s’est distingué lors des deux guerres d’Irak (1991 et 2003) pour son ingéniosité tactique et bénéficie d’une réputation de brillant stratège au sein des cercles militaires américains. La question iranienne semble à ses yeux moins prévalente que chez son prédécesseur, adepte d’une approche plus idéologique de la lutte contre le régime chiite. Dans une tribune au Wall Street Journal, en mars 2016, M. McMaster avait néanmoins pointé le rôle déstabilisateur de l’Iran « en soutien aux groupes terroristes et aux milices à travers le Moyen-Orient ». Quel sera son poids dans la définition de la politique iranienne de l’administration républicaine ? Dans la lignée de sa campagne électorale, Donald Trump a haussé le ton ces dernières semaines contre Téhéran, annonçant des sanctions unilatérales après le test de missiles balistiques par l’Iran, le 29 janvier. « Mon administration a déjà imposé de nouvelles sanctions à l’Iran et je vais faire encore davantage pour empêcher l’Iran de ne jamais développer, vraiment jamais, une arme nucléaire », a prévenu le président américain, aux côtés de Benyamin Netanyahou, lors d’une conférence de presse commune, le 15 février.
Des sanctions unilatérales
Rares sont ceux qui créditent néanmoins le président américain de vouloir dénoncer l’accord de juillet 2015 (« l’un des pires accords que j’ai jamais vus »), une promesse évoquée avant l’élection. Mais le changement de ton est indiscutable avec la période Obama. A l’occasion de la Conférence de Munich sur la sécurité, le 12 février, le sénateur républicain Lindsey Graham, très actif dans le dossier, a tracé le cap du rôle qu’entendait jouer le Congrès dans les mois à venir. « Je pense qu’il est temps pour le Congrès d’affronter directement l’Iran à propos de ce qu’il a fait en dehors du programme nucléaire ».
« Nous ne répondons pas bien aux menaces, nous ne répondons pas bien à la coercition et nous ne répondons pas bien aux sanctions », lui a répondu, Mohammad Javad Zarif, également présent en Bavière. « La paralysie des sanctions a produit un total net de 19 800 centrifugeuses ». Deux jours plus tôt, le président iranien avait souligné que l’Iran « ne recherch[ait] pas la tension ou le conflit dans la région ». Si ces accrochages donnent un premier goût de la nature des relations à venir entre les deux puissances, ils pourraient également impacter les rapports de force au sein-même de l’Iran. A trois mois de l’élection présidentielle, les milieux ultra-conservateurs entendent profiter de ces tensions pour mettre en difficulté M. Rohani, partisan d’un dialogue sous condition avec les États-Unis. Un mois après la mort d’Hachémi Rafsandjani, en janvier, l’un des hommes les plus puissants d’Iran et figure de proue des « réformateurs », l’heure de vérité pourrait bientôt sonner pour le président iranien.
http://www.actuj.com/2017-02/moyen-orient-monde/4811-sur-l-iran-une-ligne-ferme-en-pointilles
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