BURE, PREUVE DE L’IMPUISSANCE DES POLITIQUES SUR LE NUCLÉAIRE ?

BureEmpêtrée dans les affaires, la campagne présidentielle n’accorde que peu de place au fond, a fortiori à la question du nucléaire, dont 77% des Français estiment qu’elle n’est pas suffisamment évoquée par les candidats. Mais comme l’illustre le cas du projet Cigéo à Bure, pas sûr que les politiques aient la solution aux enjeux…
L’image aurait été symbolique. Yannick Jadot et Benoît Hamon main dans la main à Bure, dans la Meuse, pour manifester leur opposition au projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires. Un programme qui prévoit de stocker à 500 mètres sous terre les déchets les plus dangereux produits par l’industrie nucléaire française. La visite commune, prévue le 20 février, aurait constitué un signe fort de l’engagement du candidat socialiste sur ce dossier, quelques jours avant le ralliement officiel des écologistes. Mais après quelques hésitations, elle n’a finalement pas eu lieu, les deux alliés se contentant d’une discussion à Paris. Un renoncement qui montre la difficulté de plus en plus importante des politiques à faire entendre une voix forte, et crédible, au sujet de l’atome…

Le nucléaire, pas un sujet de campagne
Les élus ont également pris l’habitude de modifier à leur guise les lois autour du nucléaire, y ajoutant sans cesse des décrets, comme pour la loi Bataille. Un bricolage perpétuel qui a atteint leur crédibilité sur ce sujet. Et le maintien ou non de la filière ne passera peut-être pas par eux. « On peut sortir du nucléaire sans intervention des politiques, c’est parfaitement possible », affirme Bernard Laponche, qui n’accorde guère d’importance aux prétentions des candidats dans ce domaine. Yannick Jadot, envisageait une sortie en 2035, se basant sur les prévisions de l’association Négawatt. Un objectif qui a reculé de 15 ans depuis qu’il fait cause commune avec Benoît Hamon, seul candidat avec Jean-Luc Mélenchon à avoir annoncé son intention de sortir du nucléaire dans un avenir proche.
Les Français semblent désorientés par les propositions des candidats dans ce domaine. Alors que les Français sont de moins en moins favorables au nucléaire (seulement 40 % selon un sondage <https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiK2afQssLSAhWLPxoKHRt0DrkQFgglMAE&url=http%3A%2F%2Fwww.qualit-enr.org%2Fckfinder%2Fuserfiles%2Ffiles%2FCP%2FSondage-OpinionWay-pour-Qualit%27ENR-Les-Fran%25C3%25A7ais-et-les-%25C3%25A9nergies-renouvelables-vague-7-Janvier-2017_VersionPresse.pdf&usg=AFQjCNFhtWgqwNOk7ArS0-CYvo9HV9nLHA&sig2=Tq7Ty-xVzhx8Z6uD2YdN5Q>  OpinionWay en janvier), le candidat en qui ils ont « le plus confiance pour développer les énergies renouvelables » est Emmanuel Macron. L’ancien ministre de l’Economie ne souhaite pourtant que réduire la part du nucléaire dans la production de l’électricité française. Benoît Hamon et Yannick Jadot – qui était encore candidat au moment de la consultation – arrivent quant à eux derrière François Fillon et Marine Le Pen, deux candidats pro-nucléaires. Jean-Luc Mélenchon, deuxième de ce sondage et converti à la transition énergétique, propose lui la tenue d’un référendum sur la question s’il est élu. Reste à voir s’il sera suivi par la part de son électorat issue du Parti communiste, lequel est traditionnellement très attaché à la filière nucléaire.
Y a-t-il donc un candidat en 2017 capable  d’en initier la sortie ? Peu importe, estime Bernard Laponche : « Qu’ils annoncent 2030, 2035 ou 2050 ne change rien. Ce n’est pas au niveau politique mais au niveau économique que cela va se jouer. Le milieu industriel n’a plus vraiment confiance dans le nucléaire. Siemens a renoncé définitivement, WestingHouse, l’un des deux leaders mondiaux, est en grande difficulté… Le nucléaire n’est pas rentable et on commence tout simplement à se rendre compte que les énergies renouvelables sont moins chères« . Promu en grande partie pour des raisons économiques, le modèle nucléaire pourrait finalement bien mourir pour les mêmes raisons. Mais quelle que soit la part qu’y prendront nos politiques, il leur restera de toute façon un héritage à assumer : celui de déchets, toxiques, nombreux et très difficiles à gérer.

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