Emmanuel Macron a enfin dévoilé son programme. Généreux en mots grandiloquents supposés incarner le changement, Emmanuel Macron affirme vouloir « changer de logiciel » et opérer une « transformation radicale », notamment en matière de transition écologique. Son « nouveau modèle de croissance » ressemble pourtant à ce qui se pratique depuis plusieurs décennies. Un modèle saupoudré de quelques apparentes mesures écologiques, sur la pollution atmosphérique ou les gaz de schiste, qui contredisent les politiques menées par le candidat lorsqu’il était ministre, à peine quelques mois plus tôt. Une analyse pour ouvrir le débat…(extraits)
…La transition écologique conditionnée à la croissance
Si le candidat affirme que « le changement climatique nous oblige à repenser notre organisation et nos modes de vie », la transition écologique reste subordonnée à « la modernisation de l’économie », qu’il faudrait libérer « des carcans et des blocages » pour enclencher un « nouveau modèle de croissance ». La double page de mesures consacrée à ce nouveau modèle de croissance est éclairante : aux « dégâts que nous faisons collectivement au climat et à la biodiversité » et à la mise en question de « notre modèle de développement et de production » correspondent une série de mesures qui visent d’abord à améliorer la compétitivité des entreprises, soutenir l’investissement privé, lancer des plans d’investissement et un fonds pour l’industrie et l’innovation.
Sans même être qualifié de « soutenable », « durable » ou « climato-compatible », ce « modèle de croissance » doit simplement être « nouveau ». Les secteurs économiques existants, qu’ils soient innovants ou nocifs, doivent croître, sans que cette croissance ne soit conditionnée à aucun objectif climatique, écologique ou même sanitaire. On retrouve la philosophie de la commission Attali, « pour la libération de la croissance », installée en 2008 par Nicolas Sarkozy dont Emmanuel Macron était rapporteur général adjoint, ou encore celle de la Loi Macron, votée en juillet 2015, qui visait déjà à « accélérer les grands projets » ou « simplifier le droit de l’environnement »…
…Le nucléaire, un horizon indépassable ?
À ces deux mesures chiffrées s’ajoute bien la volonté de consacrer 30 % du « grand Plan d’investissement de 50 milliards d’euros » à la transition écologique. Mais aucune précision n’est apportée sur ce qui doit être financé, et comment. Aucune des cent mesures du programme « grand public » n’explicite d’ailleurs comment le candidat souhaiterait donner plus d’ambition aux insuffisants objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre au niveau européen et mettre en œuvre la transition énergétique à l’échelon national. L’avenir du secteur énergétique français, qu’il soit nucléaire, fossile ou renouvelable, n’apparait pas être un des éléments structurants du programme quinquennal d’Emmanuel Macron.
Sur le nucléaire, l’ancien locataire de Bercy, qui a toujours soutenu l’EPR d’Hinckley Point (http://video-streaming.orange.fr/actu-politique/loi-el-khomri-manuel-valls-peine-a-defendre-le-projet-VID00000023WPt.html?pid=SIl2WFC2AZWzJ7qSByljitF90Oyhq%2FuTijjNVTqW8eXHvld9E8Rs64WH95P3DwrNX6Is5MghgA4%3D#plmAnchor ) et les stratégies ruineuses d’EDF et Areva en mobilisant 6 milliards d’euros d’argent public pour les recapitaliser, manie d’ailleurs l’ambiguïté. « Je n’ai jamais considéré que le nucléaire était une maladie », vient-il de déclarer lors d’un meeting à Caen, refusant d’envisager une sortie progressive de l’atome ( http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/03/04/macron-appelle-les-electeurs-de-la-droite-et-du-centre-a-le-rejoindre_5089434_4854003.html). Le site du candidat reprend pourtant l’objectif fixé par la loi de transition énergétique (LTE) d’un maximum de 50 % de nucléaire dans le mix électrique à l’horizon 2025, contre 75 % aujourd’hui.
Selon Greenpeace, un tel objectif impliquerait de fermer 21 à 23 réacteurs d’ici à 2023. Hormis la fermeture de Fessenheim qui doit être « confirmée », le programme – papier et web – du candidat ne donne aucun échéancier. Comme s’il était possible d’atteindre l’objectif d’un maximum de 50 % de nucléaire sans fermer de réacteurs. Et comme si fermer de si nombreux réacteurs, et les emplois qui les accompagnent, n’impliquait pas un vaste plan de reconversion industrielle, des financements adéquats et quelques précisions d’un candidat à la plus haute fonction de l’État…
Pour lire l’intégralité de l’article : https://www.bastamag.net/L-ecologie-version-Macron-les-contradictions-permanentes-de-l-ancien-ministre
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