La menace d’une «utilisation de l’arme nucléaire», qu’elle soit accidentelle ou délibérée, est aujourd’hui plus élevée que jamais, d’après une étude récente des Nations unies. Les tensions entre Washington et Moscou y contribuent grandement.
Avec plus de 15 000 armes nucléaires aux mains de neuf États, le monde semble aujourd’hui près d’une «potentielle catastrophe», prévient une étude approfondie de l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (Unidir).
«La menace d’une utilisation des armes nucléaires en 2017 est sans doute à son plus haut niveau depuis l’effondrement de l’Union soviétique il y a 26 ans», avertit le document de recherche rédigé par plusieurs spécialistes réputés et experts du désarmement nucléaire.
La dissuasion nucléaire reste l’épine dorsale des stratégies militaires de nombreuses puissances mondiales. Alors que neuf Etats – les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – possèdent au total plus de 15 000 ogives nucléaires, dans le même temps, les investissements mondiaux dans la modernisation et le développement de nouvelles armes nucléaires, plus puissantes et plus mobiles, se poursuivent.
La dégradation des relations entre Washington et Moscou comme facteur aggravant
En outre, selon les experts de ce rapport, l’un des principaux facteurs qui menacent la sécurité mondiale est l’état actuel des relations américano-russes.
«Le retour des postures de confrontation qui existaient durant la guerre froide a entravé la coopération internationale et la confiance entre pays», explique le rapport.
Après la réunification de la Crimée avec la Russie, les États-Unis ont quadruplé le budget de l’Initiative européenne de réassurance (European Reassurance Initiative – ERI) à hauteur de 3,4 milliards de dollars (3,15 milliards d’euros) en février 2016, affirmant qu’il était spécifiquement destiné à «dissuader la Russie d’une potentielle agression».
Moscou, à son tour, a déployé troupes, armes lourdes et missiles Iskander dans son enclave européenne de Kaliningrad, en réponse à l’accumulation militaire massive de l’OTAN le long de ses frontières.
Cette étude paraît alors que les États-Unis lancent un programme massif de plusieurs milliards de milliards de dollars visant à moderniser, entretenir et maintenir leur force de frappe nucléaire aérienne, terrestre et maritime au cours des 30 prochaines années. Selon l’agence Bloomberg, cette somme colossale sera consacrée à la mise à niveau de certains systèmes d’armes nucléaires, tels que les missiles Minuteman III déployés il y a maintenant 40 ans, et la flotte de 14 sous-marins nucléaires de la marine américaine.
En outre, l’US Air Force a choisi le géant de la construction aéronautique Northrop Grumman pour développer et construire un nouveau bombardier à longue portée censé remplacer le Boeing B-52 Stratofortress pour un coût estimé à 80 milliards de dollars (74,5 milliards d’euros). Dans le même temps, le Pentagone a commencé à rédiger son compte rendu sur la situation nucléaire dans le monde.
L’examen précédent, datant de 2010 et effectué par l’administration Obama, avait déclaré que la Russie et les États-Unis n’étaient «plus des adversaires» et conclu que le terrorisme nucléaire constituait la plus grande menace pour la sécurité mondiale. Cependant, compte tenu de la façon dont les relations se sont tendues depuis plusieurs mois entre Moscou et Washington, le nouvel examen de 2017 pourrait prendre une toute autre tournure.
Mis à part les relations actuelles inquiétantes entre les États-Unis et la Russie, le rapport de l’Unidir évoque aussi la hausse des tensions sur la péninsule coréenne, où la Corée du Nord et les États-Unis continuent de se jauger.
La Maison Blanche a récemment menacé de «résoudre le problème nord-coréen» de manière unilatérale et a envoyé son porte avion à propulsion nucléaire USS Carl Vinson dans la région, provoquant la colère de Pyongyang, qui a promis de réagir avec tous les moyens à leur disposition, y compris en l’arme nucléaire.
Toutefois, le rapport des experts ne voit pas la réduction éventuelle de l’arsenal nucléaire des États-Unis comme une solution aux tensions nucléaires dans le monde.
«Tout affaiblissement du parapluie nucléaire des États-Unis pourrait stimuler l’aventurisme de ses adversaires en la matière et entraîner une prolifération des armes nucléaires», déclare l’étude.
«La dissuasion nucléaire fonctionne jusqu’à un certain point. Lorsque toutes les chances sont épuisées, les résultats peuvent se révéler catastrophiques», préviennent les experts dans leur rapport.
https://francais.rt.com/international/37291-onu-sinquiete-menace-guerre-nucleaire-au-plus-haut-depuis-guerre-froide
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