Alors qu’un groupe d’experts se penche jusqu’à mardi sur l’état de la cuve de l’EPR de Flamanville, un rapport technique de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) s’inquiète particulièrement du couvercle de la cuve.
Le groupe permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaire (GP-ESPN) doit rendre son avis sur la base de ce rapport, avant une première décision de l’Autorité de sureté nucléaire sur la conformité de la cuve, attendue dans la semaine.
Selon ce rapport que l’AFP a pu consulter, le fond de la cuve est jugé apte sous réserve de contrôles « adaptés » par l’exploitant EDF, mais les interrogations se focalisent sur le couvercle.
Areva avait détecté fin 2014 une concentration excessive en carbone dans l’acier du fond et du couvercle de la cuve de l’EPR de Flamanville (Manche) ce qui pourrait potentiellement la rendre moins résistante, alors qu’elle est une pièce essentielle, deuxième barrière contre la radioactivité dans un réacteur.
Depuis, des tests sont en cours pour vérifier que, malgré cette anomalie, la cuve présentera bien les garanties de sûreté lors du fonctionnement du réacteur.
Si l’analyse mécanique du « risque de rupture brutale » montre que « les propriétés » de l’acier « sont suffisantes » pour prévenir un tel risque, le rapport est beaucoup plus prudent quant au suivi qu’il faudra faire du couvercle lorsque le réacteur sera mis en service.
Le rapport estime que « des contrôles du couvercle de la cuve sont indispensables » durant toute la période de fonctionnement du réacteur et que sans ces contrôles, « l’aptitude au service du couvercle actuel de la cuve (…) n’est pas acquise de manière pérenne« .
Or, « EDF n’est actuellement pas en mesure de mettre en œuvre« les contrôles qu’il prévoit de faire pour le fond de la cuve, et que le rapport estime adéquats.
Sans réponse à cet enjeu, le rapport de l’IRSN conclut que l’utilisation du couvercle actuel « ne saurait être envisagée au-delà de quelques années de fonctionnement« .
Si au terme de sa réunion le groupe d’experts estimait, malgré ces analyses, que la cuve peut fonctionner, il pourrait recommander des mesures compensatoires comme le remplacement du seul couvercle, un fonctionnement sous une surveillance accrue ou à une puissance réduite par rapport aux capacités du réacteur.
L’avis définitif de l’ASN n’interviendra pas avant l’automne, après une procédure de consultation du public.
Cette décision sera capitale pour qu’EDF puisse démarrer le réacteur comme prévu d’ici la fin 2018, mais aussi pour Areva, dont la recapitalisation prévue cette année est subordonnée à un avis positif de l’ASN.
Une poignée de militants anti-nucléaires, opposés à l’homologation de cette cuve sur laquelle des anomalies ont été détectées, s’étaient brièvement rassemblés lundi matin devant l’ASN à Montrouge (Hauts-de-Seine), où se réunissait le groupe d’experts.
« Areva n’a pas forgé cette cuve selon les règles de l’art, il serait grotesque et scandaleux qu’on essaye de démontrer que ça passe quand même », a expliqué à l’AFP Charlotte Mijeon, porte-parole du Réseau sortir du nucléaire.
https://www.romandie.com/news/Cuve-de-l-EPR-de-Flamanville-inquietudes-sur-le-couvercle-au-coeur-d-une-reunion-d-experts/809206.rom
Commentaires récents