Le quinquennat de François Hollande n’a pas permis de trancher le débat sur la sortie du nucléaire. Il n’a pas permis par ailleurs d’éclairer les français sur les coûts de cette énergie confrontée à son avenir.
En quoi consistent-ils?
En service à partir de 1978, les 58 réacteurs du parc existant nécessitent des coûts de maintenance élevés pour prolonger leur durée de fonctionnement d’une dizaine d’année voire plus. Ensuite doivent être provisionnés les coûts des opérations de démantèlement. Enfin, la destination des déchets radioactifs ultimes n’a pas trouvé jusqu’ici de solutions hormis le projet d’enfouissement de Bure toujours en phase d’exploration. Quoiqu’il en soit la mise en sureté de ces déchets sera encore une charge très élevée. Que savons-nous aujourd’hui de l’ensemble de ces coûts auxquels doit faire face EDF?
Jusqu’ici les coûts présentés par l’exploitant sont largement sous évalués au vu des informations dont nous disposons. Ce parc actuel devra être progressivement remplacé par une nouvelle génération de réacteurs (la troisième) dont le prototype est l’EPR. EDF est en attente de l’approbation par l’autorité de sureté nucléaire (ASN) de la mise en service de la cuve du réacteur de Flamanville après sa mise en cause pour sa résistance mécanique. L’entreprise par voie de presse se déclare optimiste pour obtenir le feu vert de la haute autorité, ajoutant qu’elle n’a pas de plan B en cas de refus. Cette prise de position en marge de l’imminence de la décision de l’ASN peut surprendre les citoyens car pouvant la juger comme un moyen de pression indirect. Rappelons que le coût de cet EPR a triplé en 10 ans s’élevant selon sa dernière évaluation mais non définitive à 10,5 milliards d’euros. Les deux autres EPR en construction en Chine et Finlande accusent pareillement des retards considérables, 7 ans pour le réacteur Finlandais.
Une décision sur l’avenir du nucléaire français nécessite que les français aient la connaissance des coûts réels de cette source d’énergie dont ils ont été laissés jusqu’ici dans l’ignorance car mal informés. Ils sont en droit d’exiger la création d’une commission d’enquête parlementaire afin de réaliser un inventaire précis et indiscutable des coûts. La désinformation dont ont été victimes les citoyens de la part d’EDF et Areva, entreprises publiques devra être au cœur de cette enquête parlementaire.
L’avenir du nucléaire français ne relève pas de la seule décision sans appel du chef de l’État mais d’un consensus national.
Le blog de Louis Bulidon
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