Le CDH remet le nucléaire sur le tapis du conseil communal. La Ville va réécrire aux ministères de l’Intérieur, de l’Énergie et de l’Environnement.
L’interpellation du CDH, dans l’opposition, au conseil communal andennais de ce lundi soir était programmée d’assez longue date. Ce n’est pas la première fois que son chef de groupe, Étienne Sermon, interroge le collège PS-MR sur ce qui se trame dans la commune voisine de Huy. Dans l’air du temps après la chaîne humaine de ce dimanche qui a relié Tihange à Aix-la-Chapelle, via Liège et Maastricht pour s’étendre sur plus de 90 kilomètres à travers trois pays, la contestation vis-à-vis du nucléaire montre qu’elle a des adeptes.
Inquiétudes alarmantes
Il faut dire que les sujets d’inquiétudes se succèdent. « L’année dernière, Jan Bens, directeur général de l’Agence fédérale du contrôle nucléaire a déjà adressé un courrier assez tranché à l’égard de l’exploitant, Electrabel, rappelait Étienne Sermon. Jan Bens y évoquait des inquiétudes soulevées par les valeurs alarmantes des probabilités de fusion de cœur nucléaire résultant des études Fire PSA, et notait également «une grande désinvolture» par rapport à ces résultats dans le chef des responsables d’Electrabel qui gèrent Tihange 2. En estimant que «concernant la culture de sûreté, ce n’est pas nouveau qu’il y a un problème à Tihange».
Un second courrier est adressé à Isabelle Kocher, la présidente du conseil d’administration d’Electrabel et responsable du groupe Engie, était également très critique: «Nous souhaitons vous faire part de notre préoccupation, voire de notre forte inquiétude, quant à la gestion, par Electrabel, de ses activités nucléaires en Belgique, quant à l’insuffisance de proactivité dont fait preuve Electrabel en matière d’actions qui permettraient de faire évoluer positivement le niveau de sûreté et/ou de culture de sûreté, quant à la situation actuelle à la centrale nucléaire de Tihange, et surtout quant à notre perception de l’incapacité, depuis maintenant un peu plus d’un an, d’Electrabel à réagir structurellement, rapidement et efficacement pour augmenter de manière significative le niveau de sûreté et atteindre le niveau d’excellence qu’Electrabel déclare viser». Rien que cela ! »
Sans oublier les mises à l’arrêt de réacteurs, et les remises en route qui sont postposées pour diverses raisons. « Début juin 2017, lors d’une inspection de la cuve sous haute pression du réacteur de Tihange 2, 70 microfissures ont été découvertes, dépassant ainsi le seuil de notation ».
D’où une double demande du CDH. Primo, que la Ville invite un représentant du ministre de l’Intérieur pour s’entretenir de l’état de la centrale nucléaire de Tihange afin d’y voir clair. Secundo, de questionner la ministre de l’Energie sur l’éventuelle prolongation de 10 ans de Tihange 2. La Ville va leur écrire.
«C’est de la politique incantatoire» par Luc Scharès
Donc, le collège andennais va accéder à la requête du conseiller Sermon et de nouveaux courriers partiront de l’administration communale vers les ministères fédéraux de l’Énergie et de l’Intérieur, ainsi que vers celui, régional, de l’Environnement. En attendant un effet important? Le bourgmestre andennais Claude Eerdekens (PS), est pour le moins circonspect. « Ce qui touche au nucléaire relève essentiellement de compétences fédérales, et subsidiairement régionales quant à son volet environnemental, mais les communes n’ont rien à dire sur ces chapitres, commente-t-il. Nous avons déjà écrit au ministre Di Antonio, il ne nous a pas répondu. Bien sûr, on a le droit, dans un conseil communal, d’interpeller ou d’être inquiet. Mais c’est de la politique incantatoire ». Et le maïeur de noter que, dans ses contacts quotidiens avec des Andennais, le nucléaire est plus que rarement évoqué. « En vérité, c’est un sujet dont on ne me parle pas ».
http://plus.lesoir.be/101910/article/2017-06-28/tihange-inquiete-toujours-andenne
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