Le projet Cigéo, en Meuse, fait face à une nouvelle polémique. Des archéologues disent y avoir découvert un site exceptionnel mais être empêchés en interne d’y approfondir leurs recherches. Ils ont lancé une pétition.
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! Rien ne sera épargné à l’Andra (Agence nationale de gestion des déchets nucléaires), en charge de la construction du projet Cigéo, le futur site lorrain d’enfouissement des déchets nucléaires. Confrontée à une opposition grandissante, elle enchaîne depuis un an les déconvenues.
Condamnée à cesser ses travaux préparatoires sur le bois Lejuc, jugés illégaux, elle a vu la semaine dernière l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) l’intimer de revoir sa copie sur quatre points de sécurité. Et la voilà maintenant au centre d’un vaste débat archéologique !
Lors des diagnostics réalisés en 2016 sur plus de 300 ha à la limite des communes de Bure (Meuse) et Saudron (Haute-Marne), là où Cigéo doit être construit, les scientifiques de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont découvert « un site exceptionnel pour le Néolithique. »
Opportunité inédite
Outre l’intérêt historique de cette enceinte remontant à la première moitié du 4e millénaire, sa surface de 35 ha en fait un site quasiment sans équivalent pour le Bassin parisien et même au-delà. « Les enceintes sérieusement documentées sur ce plan sont rares et les contextes de plateau pratiquement inconnus. L’enceinte de Bure-Saudron offre l’opportunité inédite et probablement unique d’étudier intégralement une très grande enceinte de plateau », estiment les agents du SRA (Service régional de l’archéologie) Grand-Est. Problème : cette opportunité vient de leur être en partie refusée. Leur proposition de réaliser une fouille intégrale du fossé et de la totalité de la surface interne de l’enceinte avait obtenu un premier avis favorable des experts de la CIRA (Commission interrégionale de la recherche archéologique). Mais elle a selon eux été considérée comme « excessive » par la SDA (Sous-direction de l’archéologie). Si la fouille intégrale du fossé est bien autorisée, celle de la surface interne ne sera que partielle, sur un quart de la superficie.
Une pétition
Une décision jugée « calamiteuse » dans une pétition postée mardi sur le site change.org et signée par plusieurs scientifiques.
« Elle ruine toute possibilité de compréhension de l’espace interne. Où est la prise en compte de l’intérêt scientifique ? Où est l’équilibre entre l’aménagement du territoire et la sauvegarde du patrimoine enfoui voulu par la loi ? Cette décision ne se justifie que par une volonté de limiter les prescriptions, érigée en véritable dogme. Elle est incompatible avec les missions de protection et d’étude du patrimoine archéologique confiées à la SDA », dénonce la pétition déjà signée 477 fois. C’était avant que les anti-Bure ne la relaient hier… L’Andra, pour sa part, fait savoir qu’en aucun cas elle « n’interfère dans la définition des zones à fouiller. Seule la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) a l’autorité de définir ces zones et de prescrire les fouilles qu’elle juge nécessaires. »
Article de Philippe MARQUE
http://www.republicain-lorrain.fr/environnement/2017/07/14/un-site-archeologique-exceptionnel-sur-cigeo
Pour lire et signer la pétition : https://www.change.org/p/minist%C3%A8re-de-la-culture-et-de-la-communication-conservation-in-situ-des-mosa%C3%AFques-d-uz%C3%A8s-non-a-la-destruction-des-vestiges-romains-d-ucetia
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