C’EST FAIT: L’ONU RENFORCE LES SANCTIONS CONTRE LA CORÉE DU NORD

ONU renforceLe Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) a adopté à l’unanimité, samedi 5 août, une résolution renforçant sensiblement les sanctions déjà imposées à la Corée du Nord, qui, si elle est respectée, devrait priver Pyongyang de 1 milliard de dollars (850 millions d’euros) de recettes annuelles.

Le vote de ce texte, qui constitue une nouvelle riposte aux programmes balistique et nucléaire nord-coréens, représente un certain succès pour les États-Unis. Washington a su convaincre ses partenaires chinois — premier soutien de Pyongyang — et russe de renforcer la pression internationale sur un pays accusé d’être une « menace mondiale ».

Proposée par les États-Unis, la résolution 2371 vise à interdire des revenus tirés des exportations nord-coréennes, notamment dans les secteurs du charbon, du fer et de la pêche.

La pression pour négocier

Elle a pour objectif de pousser Pyongyang à la négociation après le premier tir d’un missile intercontinental, le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine. La Corée du Nord a procédé le 28 juillet au tir d’un second engin similaire.

Le président américain, Donald Trump, a salué le vote unanime du Conseil de sécurité, soulignant que les nouvelles sanctions auraient « un très important impact financier » sur Pyongyang. « Un coût de plus de 1 milliard de dollars pour la Corée du Nord », a-t-il estimé.

Proposée par les États-Unis, la résolution votée samedi vise à empêcher certaines exportations nord-coréennes et à pousser Pyongyang à la table des négociations.Trump a aussi salué la Chine et la Russie pour le soutien qu’elles ont apporté. « Le président apprécie la coopération de la Chine et de la Russie pour assurer l’adoption de cette résolution », dit un communiqué diffusé samedi soir par la Maison Blanche.

La balle est désormais dans le camp nord-coréen, qui « doit répondre » aux demandes internationales, a déclaré l’ambassadrice états-unienne auprès de l’ONU, Nikki Haley. « Ce sont les sanctions les plus strictes contre un pays depuis une génération », a-t-elle dit.

Il est « plus que jamais urgent de mettre un terme aux programmes nucléaire et balistique nord-coréens et de ramener Pyongyang à la table des négociations », a renchéri son homologue français, François Delattre.

Le nouvel ambassadeur russe auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, a toutefois souligné qu’« il sera impossible de résoudre ce conflit par la seule adoption de sanctions ». Il a réclamé « une approche globale » et « une stratégie politique ». Les sanctions « ne peuvent être une fin en soi » mais plutôt « un outil pour pousser ce pays à des discussions constructives », a ajouté le diplomate russe.

Les nouvelles sanctions visent à empêcher les exportations nord-coréennes de fer, de minerai de fer, de plomb, de minerai de plomb, de poisson et de crustacés. En revanche, elles ne concernent pas, comme évoqué à l’origine des négociations il y a un mois, les livraisons de produits pétroliers à Pyongyang.

Dans la résolution, la Corée du Nord est accusée de se livrer à un « détournement massif de ses faibles ressources » pour continuer à développer « des armes nucléaires et plusieurs programmes coûteux de missiles balistiques ».

« Changer la donne »

Selon les Occidentaux, l’ensemble des nouvelles sanctions devrait conduire à priver la Corée du Nord « de 1 milliard de dollars de recettes » venant de ses exportations, à condition que les nouvelles mesures soient respectées par tous les membres de l’ONU. Dans leur globalité, les exportations nord-coréennes rapportent au pays chaque année 3 milliards de dollars.

« Toutes les parties doivent mettre en œuvre les dispositions de la résolution », a relevé l’ambassadeur chinois auprès de l’ONU, Liu Jieyi, assurant que les nouvelles sanctions n’avaient pas pour objet de « causer un impact négatif » pour la population nord-coréenne.

La résolution prévoit l’interdiction de toute nouvelle société commune entre des entreprises étrangères et nord-coréennes et l’arrêt de tout investissement supplémentaire dans celles qui existent déjà. Le texte adopté interdit également à Pyongyang d’augmenter ses quotas de travailleurs à l’étranger.

Les navires nord-coréens qui violeront les résolutions de l’ONU sont désormais menacés d’être bannis des ports de tous les pays.

Sept trains de sanctions

Parmi les nouvelles mesures liées au secteur de la finance, la banque du commerce extérieur de la Corée du Nord, chargée des opérations en devises étrangères, a été ajoutée à une liste d’entités dont les avoirs sont gelés depuis de précédentes résolutions.

Depuis le premier essai nucléaire nord-coréen, en 2006, l’ONU a imposé au total, avec le nouveau texte adopté samedi, sept trains de sanctions à la Corée du Nord, dont les trois derniers, nettement plus sévères que les précédents, incluent des mesures touchant directement l’économie du pays.

Selon François Delattre, les nouvelles sanctions adoptées samedi ont la capacité de « changer la donne ». « Elles montrent l’unité et la détermination du Conseil de sécurité », ont fait valoir les ambassadeurs chinois et français.

Samedi, la nouvelle ministre des affaires étrangères sud-coréenne, Kang Kyung-wha, a tendu la main à Pyongyang, se déclarant prête à des discussions avec son homologue nord-coréen, Ri Hong-yo. Ce dernier est attendu ce week-end aux Philippines, où se tient un forum annuel de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), auquel doit également participer le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson.

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