Quelles mesures pour assurer l’intégrité de nos centrales nucléaires, alors qu’un rapport de Greenpeace pointe un «déficit historique de la sécurité de nos installations» ?
Face aux fragilités de nos centrales, les auteurs du rapport préconisent un certain nombre de mesures. À commencer par la plus concrète d’entre elles : améliorer la protection physique des installations par leur « bunkérisation ». Pour les piscines de refroidissement, tout d’abord. Deux solutions : il faudrait soit les déplacer dans le bâtiment réacteur, mieux protégé ; soit construire autour d’elles une vraie structure protectrice de type « coque avion », à l’instar de ce qui a été fait sur l’EPR, le réacteur nouvelle génération, actuellement en construction à Flamanville dans la Manche.
Mais d’autres éléments ne doivent pas être oubliés. Les stations de pompage, par exemple, sont aujourd’hui mises de côté, estiment les auteurs du rapport. Leur rôle est pourtant essentiel puisqu’elles puisent dans une rivière ou la mer l’eau qui permet de refroidir le combustible, dans le cœur du réacteur ou dans les piscines. On se souvient d’invasions de méduses, de moules ou d’algues bouchant l’entrée de canalisations, comme à Gravelines (Nord). La logique est la suivante : si ces édifices sont vulnérables aux intempéries, ils peuvent aussi l’être en cas d’intentions malveillantes. « Il a fallu la grande tempête de 1999, se souvient Yannick Rousselet, chargé de campagne auprès de Greenpeace, quand la centrale du Blayais (Gironde) s’est retrouvée sous les eaux, pour prendre des mesures anti-inondation comme la construction et le rehaussement de murets. »
Dix ans plus tard, la catastrophe de Fukushima poussera l’Europe à effectuer des « stress tests » sur l’ensemble de ses centrales pour vérifier leur capacité de résistance à un accident nucléaire. Des travaux post-Fukushima ont été effectués un peu partout. Le rapport commandé par Greenpeace conclut qu’il faut aujourd’hui, face au risque terroriste, suivre la même démarche.
Comment ont travaillé les experts auteurs du rapport ?
Il leur aura fallu dix-huit mois de travail pour venir à bout de la montagne de documents et d’informations accumulés, et imaginer le pire pour éviter qu’il ne survienne. Parmi ces sept experts, il y a trois Français, une Allemande, deux Britanniques et un Américain. Ils sont ingénieurs, chercheurs ou encore docteurs en physique nucléaire. Certains ont travaillé pour le CEA (Commissariat à l’énergie atomique). D’autres collaborent encore régulièrement avec l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), un institut public directement rattaché aux ministres chargés de la Défense, de l’Énergie, de l’Industrie, de la Recherche et de la Santé.
EDF écarté
Comment ont-ils procédé ? « Il s’agissait d’abord de réunir des personnalités reconnues, y compris par les autorités, explique Yannick Rousselet, le chargé de campagne de Greenpeace. Mais il fallait également une vision internationale, afin que chacun puisse en plus apporter l’expérience de son propre pays. »
Tous connaissent les installations nucléaires françaises par cœur, pour les avoir visitées de nombreuses fois. Ils ont également puisé dans leurs travaux antérieurs, qu’ils ont compilés, agrégés et réactualisés, afin de coller au plus près au contexte d’aujourd’hui. Le résultat est détaillé à l’extrême : types d’armes, stratégies d’attaque, terrains utilisés (par voie aérienne, terrestre ou maritime) ou engins (avions, hélicoptères, drones…), rien n’est laissé au hasard. D’où la décision prise avec Greenpeace de ne rendre publique qu’une petite partie de leur rapport. « EDF en revanche n’a pas été mis dans la boucle afin de pouvoir travailler en toute indépendance », précise l’un des contributeurs du rapport.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/securite-des-installations-nucleaires-les-mesures-a-prendre-en-priorite-10-10-2017-7320108.php
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