C’est une victoire pour les pacifistes et tous les opposants aux armes nucléaires. Et, pour Jean-Marie Muller, membre fondateur du Mouvement pour une alternative non-violente, elle est loin de n’être que symbolique.
Ainsi donc, le prix Nobel de la Paix 2017 vient d’être attribué à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (Ican) pour le rôle qu’elle a joué dans l’adoption par l’Onu du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Il est remarquable que le mot qui revient le plus souvent dans les commentaires qui s’efforcent d’apprécier ledit traité soit celui de « symbolique ».
Déjà, au moment même de son adoption, tel journal national écrivait : « Le vote à l’Assemblée générale de l’Onu, vendredi 7 juillet, d’un traité interdisant les armes nucléaires reste purement symbolique du fait du boycott des puissances détentrices de l’arme atomique. »
On peut lire aujourd’hui sur Internet : « Pour le moment, [ce traité] n’est que symbolique, puisque aucun des neuf pays possédant la bombe ni aucun pays de l’Otan ne s’y est joint. » De nombreuses autres déclarations affirment également que ce traité n’aura d’autre effet que symbolique. L’adjectif « symbolique », nous dit le dictionnaire, « s’applique à ce qui n’a pas d’efficacité ou de valeur en soi ». Il est sûr qu’il serait illusoire de penser que les États qui en sont dotés se laisseront convaincre par les arguments avancés visant à délégitimer l’arme nucléaire. Cependant, il serait fallacieux de s’en tenir à dénoncer le caractère purement symbolique de ce traité. Il nous appartient de convertir son affirmation symbolique en une action politique.
Il convient de retenir l’argumentation développée affirmant que les États Parties à ce traité sont « profondément préoccupés par les conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire qu’aurait tout recours aux armes nucléaires » et estiment par conséquent nécessaire d’éliminer complètement ce type d’arme : « Chaque État Partie s’engage à ne jamais, en aucune circonstance, mettre au point, mettre à l’essai, produire, fabriquer, acquérir de quelque autre manière, posséder ou stocker des armes nucléaires […] employer ni menacer d’employer des armes nucléaires. » Il est encore précisé : « Chaque État Partie qui est propriétaire d’armes nucléaires […] les retire sans délai du service opérationnel et les détruit dans les meilleurs délais. »
Soulignons que ce traité présente un intérêt majeur pour les citoyens français que nous sommes : il dilue les différences d’appréciation qui opposaient les partisans d’un désarmement multilatéral et ceux qui privilégiaient le désarmement unilatéral. C’est précisément parce qu’ils ont constaté l’échec du désarmement multilatéral par la signature d’une convention internationale que les États non dotés qui s’opposent à l’armement nucléaire ont changé de stratégie pour proposer un désarmement multi-unilatéral par la signature d’un traité international. Cet argument est décisif et il devient raisonnable d’envisager un accord entre tous les partisans français du désarmement nucléaire afin qu’ils exigent ensemble un désarmement mondial à commencer par le désarmement unilatéral de la France. L’impératif stratégique rejoint l’impératif éthique pour affirmer que désarmement bien ordonné commence par soi-même…
La prise de conscience de cette nouvelle donne est essentielle : le mouvement antinucléaire français peut alors libérer toute sa dynamique…
Le MAN est membre d’Ican France.
Jean-Marie Muller est l’auteur de Libérer la France des armes nucléaires, 2014, Chronique Sociale. www.jean-marie-muller.fr <http://www.jean-marie-muller.fr>
http://www.temoignagechretien.fr/articles/le-nobel-de-la-paix-pour-la-campagne-internationale-pour-labolition-des-armes-nucleaires
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