Le 8 novembre dernier, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, a annoncé que la France ne pourrait pas ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50% en 2025, comme le stipulait la loi de transition énergétique de 2015. Le ministre table désormais sur 2030, voire 2035.
Invité de BFMTV ce dimanche 12 novembre, François de Rugy, président de l’Assemblée nationale et ancien député EELV converti au macronisme après sa défaite à la primaire du PS, se dit « déçu« . « Déçu » de ce report, bien qu’il n’en tienne pas Nicolas Hulot pour responsable.
Le quatrième personnage de l’État s’explique :
Je suis déçu que depuis des années on ait sans cesse repoussé les échéances. En revanche, je pense que c’est un devoir de dire la vérité aux Français. Emmanuel Macron, avant d’être élu président de la République, avait dit : « Dans cette loi, il y avait l’objectif de baisser la part du nucléaire, qui est aujourd’hui de 75% de la production d’électricité, à 50%. Mais, à l’époque, c’était en dix ans. Sachant que cet engagement datait de 2012, ça aurait donc dû être fait en 13 ans. Nous n’avons plus que huit ans car, pendant cinq ans, malheureusement, EDF n’a rien voulu faire, a sans cesse repoussé et les gouvernements ont cédé à la pression d’EDF. Je le regrette bien car ce n’est pas une bonne façon de procéder, quand on a une volonté politique, on s’en donne les moyens. »
Un manque de volonté des pouvoirs publics face à la direction d’EDF, donc, dont l’État est pourtant actionnaire à 80%. La journaliste pose alors tout de même cette question : ce report signifie-t-il qu’Emmanuel Macron a lui aussi cédé ? Réponse de François de Rugy :
« Non. Je pense qu’il va falloir donner des instructions plus claires à EDF que cela a été fait les cinq dernières années. »
Puis, le président du Palais Bourbon s’agace. Il en a « ras-le-bol des lois d’affichage » et propose une méthode pour que les parlementaires fassent plier un gouvernement en manque de volonté :
« Je propose que les députés, lorsqu’ils se rendent compte que le gouvernement ne met pas en œuvre une loi, que les décrets d’application ne sont pas publiés, qu’ils puissent reprendre la main. Les députés sont là pour veiller à ce que les lois qu’ils votent soient appliquées. »
Le 8 novembre, à l’issue du Conseil des ministres, Nicolas Hulot avait déclaré : « Si l’on veut maintenir la date de 2025 pour ramener dans le mix énergétique le nucléaire à 50%, ça se fera au détriment de nos objectifs climatiques. Et ça se fera au détriment de la fermeture des centrales à charbon et probablement que si l’on voulait s’acharner sur cette date, il faudrait même rouvrir d’autres centrales thermiques« .
Le ministre veut se donner du temps et prendre une trajectoire réaliste pour réduire la part du nucléaire à 50%, d’où ce nouvel objectif de 2030 ou 2035. Ces dix années supplémentaires doivent notamment permettre de développer plus d’énergies renouvelables, car aujourd’hui, elles restent encore trop marginales. 12% de l’énergie produite en 2016 en France est d’origine hydraulique selon le rapport annuel de RTE France, et le pays n’a pas les capacités géographiques de faire beaucoup plus. Mais il peut davantage sur l’éolien (3,9%) et le photovoltaïque (1,6%).
http://lelab.europe1.fr/partu-du-nucleaire-francois-de-rugy-denonce-les-gouvernements-qui-ont-cede-a-la-pression-dedf-3490268
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