Une escale à Gien est prévue ce dimanche 19 septembre par une flottille de bateaux qui partiront en direction d’Orléans pour le Festival de Loire. Les membres de l’association Sortir du nucléaire Berry-Loire-Puisaye veulent en profiter pour rencontrer les mariniers et « informer sur la pollution de la Loire« . EDF se défend de son côté.
Une flottille d’environ huit bateaux venant de Marseilles-lès-Aubigny (Cher) est attendue pour faire escale ce dimanche 19 septembre à Gien en vue de sa participation au Festival de Loire, à Orléans.
Des membres de l’association Sortir du nucléaire Berry-Loire-Puisaye ont indiqué leur intention de rencontrer les mariniers et les habitants giennois dans le cadre de cet arrêt prévu autour de 19 heures au niveau du Port aux bois.
Les militants n’ont pas choisi cette ville au hasard puisqu’elle se situe à proximité de deux centrales nucléaires : celles de Dampierre-en-Burly et de Belleville-sur-Loire (Cher).
Ce choix s’explique aussi « par la présence de la station Vigicrues par laquelle sont scrutés deux aspects essentiels à la sûreté nucléaire : le débit et l’étiage« . « Nous donnons rendez-vous à nos sympathisants ce jour-là pour y accueillir les mariniers« , précisent-ils.
« Sulfates, chlorures, sodium, cuivre, phosphates… »
L’association a publié cette semaine un tract et un communiqué dénonçant « les pollutions invisibles de la Loire et de l’industrie nucléaire« . Ces documents pointent les « 480 tonnes de rejets chimiques et écotoxiques déversés en Loire pour la seule année 2020« par les six réacteurs concernés.
Des données que Sortir du nucléaire indique s’être procurées dans deux documents publics de 2020 : le rapport environnemental annuel relatif aux installations nucléaires du centre de production d’électricité de Dampierre-en-Burly et le rapport annuel d’information du public relatif aux installations nucléaires du site de Belleville-sur-Loire.
396 tonnes de produits chimiques sont ainsi imputées au site de Dampierre et 88,3 tonnes seraient déversées dans la Loire par l’établissement de Belleville. Sulfates, chlorures, sodium, cuivre, phosphates et autres détergents font partie de la liste établie par l’association.
Plongée au cœur du réacteur de la centrale de Dampierre-en-Burly : nos photos de la quatrième visite décennale
Des rejets auxquels s’ajouteraient « 88.150 milliards de becquerels (une unité de mesure) de rejets liquides radioactifs, ainsi que des rejets gazeux chimiques, radioactifs et des pertes de fluides frigorigènes. »
« C’est une pollution chronique qui dure depuis plus de trente ans, assure Françoise Pouzet, membre de l’association. Nous faisons cette action pour dénoncer la communication désinhibée d’EDF qui prône un nucléaire « propre ». Ces rejets démontrent que cette propreté n’est pas là. C’est une intoxication lente de la Loire. »
« Surveillance permanente de l’environnement », selon EDF
Les deux centrales répondent par communiqués que « les conditions et les limites de rejets […] sont fixées par des décisions de l’Autorité de sûreté nucléaire signées par la ministre de la Transition écologique et publiées au Journal officiel« . Les deux sites « respectent rigoureusement la réglementation et n’ont pas connu de dépassement des concentrations autorisées« , souligne EDF.
Les militants de Sortir du nucléaire ne nient d’ailleurs pas que les centrales respectent ces normes, mais pointent « l’insuffisance » de celles-ci. L’association souligne également que l’Autorité environnementale « a exhorté la centrale de Belleville « à revoir sa copie« , dans son avis du 23 juin 2021 sur les rejets du site nucléaire du Cher. L’institution « recommande, dans le contexte du changement climatique qui devrait modifier les débits de la Loire, de réduire les prélèvements d’eau, sujet qui n’est pas traité dans le dossier » qui leur avait été remis.
EDF insiste de son côté sur la « surveillance permanente de l’environnement » autour des deux sites. Sont cités notamment les relevés établis « chaque matin (samedi et dimanche compris) » par un technicien sur des éléments tels que le débit, des analyses physico-chimiques ou encore le contrôle de la radioactivité de l’air.
« Rejets énormes » ou « énergie propre » ?
Des prélèvements sont aussi effectués sur l’eau de la Loire, la poussière atmosphérique sur filtre, les eaux souterraines, des échantillons d’herbe ou encore le lait provenant de deux fermes témoins, précise EDF. La centrale de Dampierre aurait réalisé « plus de 20.000 analyses en 2020« . Celle de Belleville en aurait fait « plus de 18.000« .
Les arguments ne font toutefois pas mouche auprès des militants de Sortir du nucléaire, qui parlent de « communication assez superficielle« . « Ils se basent toujours sur le début des centrales, au moment où les rejets n’étaient absolument pas contrôlés, contrebalance Françoise Pouzet. Ils se félicitent que ce soit de moins en moins polluant, mais les rejets actuels restent énormes ! » À cela, EDF rétorque que l’énergie nucléaire reste « propre, sûre et compétitive« . Au citoyen de se faire sa propre opinion.
Par Thomas Derais, publié le 16/09/2021 à 17h38
https://www.larep.fr/gien-45500/actualites/les-militants-de-sortir-du-nucleaire-veulent-rencontrer-les-mariniers-de-gien-ce-dimanche-et-denoncent-la-pollution-de-la-loire-par-les-centrales_14013250/
NDLR : pour rappel, respecter une norme n’est jamais que respecter une autorisation de polluer à condition de ne pas dépasser le maximum « autorisé » par la norme.
Commentaires récents