L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a réfuté mardi les accusations d’un officiel russe affirmant que la France a intérêt à mettre en cause la Russie dans la pollution radioactive détectée fin septembre pour défendre la filière nucléaire française.
L’IRSN « n’a aucun intérêt à intervenir dans des intérêts industriels« , a assuré à l’AFP son directeur adjoint Jean-Marc Peres, ajoutant que l’institut « n’a pas été le premier à signaler » avoir détecté en Europe cette pollution radioactive.
Un peu plus tôt, un responsable régional russe avait suggéré que l’IRSN aurait accusé la Russie pour aider au développement de l’industrie nucléaire française, notamment Areva et son activité de traitement des déchets nucléaires.
« La source de cette information est la France, où un concurrent de notre Maïak (complexe nucléaire russe, ndlr) recycle des déchets nucléaires. Cela fait réfléchir« , a ainsi déclaré mardi Evguéni Savtchenko, ministre de la Sécurité publique de la région de Tchéliabinsk, au site Ura.ru. Du ruthénium-106 avait été détecté dès fin septembre par plusieurs réseaux européens de surveillance de la radioactivité dans l’atmosphère.
Après enquête, l’IRSN avait conclu que cette pollution radioactive aurait son origine « entre la Volga et l’Oural« , sans identifier de site précisément.
L’institut, qui est un organisme technique indépendant, ajoutait que la pollution ne pouvait pas provenir d’un réacteur nucléaire, ni de la chute d’un satellite, et faisait l’hypothèse d’un rejet issu d’une installation liée au cycle du combustible nucléaire ou de fabrication de sources radioactives.
« Nous avons soumis nos calculs à un panel d’homologues étrangers dont des Russes » et « aucun n’a mis en cause » les méthodes de calculs, a défendu M. Peres.
Le directeur adjoint de l’IRSN a ajouté qu’il « n’a pas envie de rentrer dans une polémique » et que l’institut « fait le même travail sur les installations d’Areva, ainsi que sur le territoire français et en Europe« .
La Russie a assuré mardi qu’aucun incident n’avait touché ses installations nucléaires, au lendemain de la confirmation, par l’agence météorologique russe Rosguidromet, que des concentrations « extrêmement élevées » de ruthénium-106 avaient été détectées fin septembre dans le sud de l’Oural par des stations météo, dont une proche du complexe nucléaire Maïak.
https://www.romandie.com/news/Pollution-radioactive-l-IRSN-refute-les-mises-en-cause-d-un-officiel-russe/865442.rom
Note du Réseau Sortir du Nucléaire pour information
Concerne la phrase : « L’IRSN « n’a aucun intérêt à intervenir dans des intérêts industriels », a assuré à l’AFP son directeur adjoint Jean-Marc Peres.
Le Réseau: Même si les assertions de responsables russes sont tout à fait discutables sur ce cas particulier du ruthénium 106, il faut garder en mémoire que les industriels de l’atome financent à plus de 50 % les crédits de l’IRSN pour l’appui technique de l’ASN (*).
(*) Les crédits de l’IRSN pour l’appui technique à l’ASN proviennent pour partie (42 M€) d’une subvention du budget général de l’État affectée à l’IRSN et inscrite dans l’action n° 11 « Recherche dans le domaine des risques » du programme 190 « Recherche dans les domaines de l’énergie, du développement et de l’aménagement durables » de la mission interministérielle « Recherche et enseignement supérieur ». L’autre partie (43 M€) provient d’une contribution due par les exploitants nucléaires.
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