ÉNERGIES RENOUVELABLES: LE SER ANNONCE SES RECOMMANDATIONS POUR 2030

Alors que le débat autour de la programmation pluriannuelle de l’énergie débutera en janvier prochain, le Syndicat des énergies renouvelables a présenté le 19 décembre son scénario énergétique pour 2030. Un programme ambitieux qui requiert un engagement fort des pouvoirs publics

Parmi les fils rouges de l’année à venir, on peut d’ores et déjà noter la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Ce texte réglementaire, qui explicite les objectifs français de production d’électricité et de chaleur renouvelables pour 2023 et 2028, fera l’objet d’un débat public en janvier prochain, avant une éventuelle publication après l’été.

En amont de ces discussions, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a préparé des préconisations pour la direction générale de l’Énergie et du Climat (DGEC), l’organisme ministériel chargé de ce dossier. L’association a rendu publiques les conclusions de ces travaux le 19 décembre. « La loi de Transition énergétique a fixé à 32 % la part des énergies renouvelables dans notre consommation finale en 2030, rappelle Jean-Louis Bal, président du SER. Si le rythme de développement actuel se poursuit, nous aboutirons seulement à 24 %. La révision de la PPE sera l’occasion de définir des valeurs ambitieuses pour chacune des sources d’énergie renouvelable (EnR). »

Pour le Syndicat, atteindre les chiffres actés par la loi n’a rien d’insurmontable : « Celles-ci sont non seulement réalistes, mais elles peuvent être dépassés, à condition d’une volonté politique forte. » L’association défend donc les contributions d’ENR suivantes en France métropolitaine à l’horizon 2030 :

. 54 % de l’électricité (contre 40 % dans la loi),

. 38 % de la chaleur (38 %),

. 15 % dans les transports (15 %) et

. 30 % de gaz (10 %).

Au vu de la situation actuelle, le chantier se révèle colossal : « Aujourd’hui, 20 % du courant provient de sources renouvelables, mais le pays possédait déjà un solide socle hydraulique. Il reste beaucoup de chemin à parcourir. Le pourcentage est le même pour la chaleur, alors que nous devions atteindre 33 % en 2020, autant dire que nous ne sommes pas dans les clous », observe le président.

À chaque filière ses recommandations

Fort de ses conclusions, le SER a édité des fiches de synthèse pour chaque EnR. Celles-ci résument son scénario de croissance jusqu’en 2030 et les mesures pour y parvenir. Dans cette liste de recommandations, on retiendra notamment le doublement du Fonds Chaleur. « Ce dispositif n’est pas dimensionné pour soutenir les objectifs de la loi, souligne Jean-Louis Bal. En 2017, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a remis à l’année suivante 100 millions d’euros de projet. Avec ce report, le total des demandes pour 2018 devrait s’élever à 400 millions d’euros pour un budget de seulement 215 millions d’euros. »

Dans le secteur du photovoltaïque, l’association suggère une exonération d’appel d’offres pour les installations d’une puissance inférieure à 1 MW. En outre, les volumes de ces mêmes appels d’offres devraient être augmentés. La préconisation vaut aussi pour l’éolien terrestre. Par ailleurs, ces turbines à vent mériteraient une distribution de l’imposition forfaitaire pour les entreprises de réseaux plus favorable aux communes d’implantation. « Les recours contre ces installations terrestres ou maritimes devraient également être mieux encadrés, ajoute le président. Nous proposons entre autres la suppression d’un degré de juridiction en confiant une compétence directe aux Cours administratives d’appel. Cette simplification représenterait un gain d’un an et demi pour les projets. » Et le temps presse si le SER veut respecter son calendrier. Ses prévisions annoncent que 9 % de l’électricité hexagonale proviendra en 2030 des parcs éoliens en mer, alors que les premiers de ces sites entreront en service entre 2020 et 2022.

Article de Mathieu Dejeu

https://www.lemoniteur.fr/article/enr-le-ser-annonce-ses-recommandations-pour-2030-35140017