RÊVERIES D’UN ANTINUCLÉAIRE…

Les menaces de toute sorte que fait peser sur nous l’industrie nucléaire, les dégâts avérés tout au long du cycle du « combustible », ne suffisent pas à nos « représentants » ( ?) pour prendre les décisions qui s’imposent selon nous, les antinucléaires. Notre recherche de moyens pour que ça s’arrête ne va pas sans heurts entre nous mais nous persévérons. Personnellement, je tâtonne…

Je fais partie du collectif contre l’ordre atomique. Le but de ce collectif né à la fin de la manifestation antinucléaire qui s’est tenue à Paris le 11 juin 2011 trois mois après le début de la catastrophe de Fukushima est facile à énoncer : aboutir à l’arrêt de l’industrie nucléaire avant une catastrophe comme celles de Tchernobyl, Fukushima ou Maïak pour se référer aux plus connues des catastrophes. Voilà ce qui nous rassemble. Les menaces de toute sorte que fait peser sur nous cette industrie, les dégâts avérés tout au long du cycle du « combustible », ne suffisent pas à nos « représentants » ( ?) pour prendre les décisions qui selon nous s’imposent. C’est ce qui nous conduit à rechercher des informations sur tout ce qui touche à ce sujet, à nous adresser aux plus grand nombre possible de personnes, à partager, à discuter avec elles sans jamais perdre de vue qu’il y a urgence à arrêter.

Il était donc « naturel » que deux d’entre nous participent à l’organisation d’un forum social mondial antinucléaire et que tous nous y assistions.

Ce forum social mondial antinucléaire s’est achevé dimanche 5 novembre 2017 avec un voyage à Bure. Une trentaine de participants de diverses nationalités ont fait le déplacement réaffirmant de la sorte  « la solidarité internationale à la lutte contre l’enfouissement des déchets radioactifs et pour l’arrêt du nucléaire ! ».

Ce forum qui a réuni environ 400 personnes a été, de mon point de vue, une grande réussite culturelle ; il a permis de fructueux échanges et favorisé de nombreuses rencontres.

Cependant… le mardi suivant 7 novembre Nicolas Hulot, Ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, déclarait : « Si l’on veut maintenir la date de 2025 pour ramener dans le mix énergétique le nucléaire à 50%, ça se fera au détriment de nos objectifs climatiques. Et ça se fera au détriment de la fermeture des centrales à charbon et probablement que si l’on voulait s’acharner sur cette date, il faudrait même rouvrir d’autres centrales thermiques »

La sortie, l’arrêt et plus encore l’arrêt immédiat étaient repoussé à une date lointaine au nom d’un principe de réalité…

On aurait pu prendre cette annonce faite par Nicolas Hulot comme une réponse à la tenue de ce forum antinucléaire. Ce n’est pas certain. Chacun est à sa place dans la division du travail : nos dirigeants assurent le maintien voire le développement de cette industrie, les antinucléaires la contestent. Toujours est-il que dans notre pays les partisans de l’énergie atomique ne semblent pas avoir été un tant soit peu contrariés par les opposants, même pendant un prétendu âge d’or de la contestation antinucléaire.

Je m’étais proposé d’intervenir à ce propos dans l’atelier du vendredi après-midi consacré au(x) mouvement(s) antinucléaires… (suite ci-dessous)

https://blogs.mediapart.fr/bernard-elman/blog/231217/reveries-dun-antinucleaire-01

Suite

Au moment même où un spectre hante le Monde – le spectre de l’arrêt du nucléaire, le mouvement antinucléaire est en crise répète-t-on ici ou là. Peut-être ! Mais s’il y a un moment pour s’interroger sur l’adversaire auquel ce mouvement prétendait, prétend encore s’affronter, c’est bien celui-là. Cet adversaire, quel est-il et quels sont les moyens dont il dispose ?

J’avais l’intention, mais je ne suis pas du tout à l’aise dans ces dispositifs, de mettre en cause la problématique imposée par quelques camarades : il s’agissait, si j’avais bien compris, d’examiner la responsabilité du mouvement antinucléaire ou de certaines de ses composantes dans l’échec de la contestation ou dans le succès du programme électronucléaire français.

Je rêvais de commencer mon intervention de cette manière.

Au moment même où un spectre hante le Monde – le spectre de l’arrêt du nucléaire, le mouvement antinucléaire est en crise répète-t-on ici ou là. Peut-être ! Mais s’il y a un moment pour s’interroger sur l’adversaire auquel ce mouvement prétendait, prétend encore s’affronter, c’est bien celui-là. Cet adversaire, quel est-il et quels sont les moyens dont il dispose ?

De toutes les façons nous avons assisté à un piratage en règle de « notre » atelier, ce qui a eu pour effet d’empêcher la discussion, et d’apporter de l’eau au moulin de ceux que j’aurais aimé combattre amicalement : « Gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! » pour paraphraser Voltaire. Sauf que mes véritables ennemis, nos ennemis en l’occurrence, les partisans de l’énergie atomique, ils semblent faire ce qu’ils veulent, que nous nous en chargions ou non.

J’espérais terminer ma prise de parole en disant : « Antinucléaires de tous les pays, unissez-vous ! ».

Tout cela si j’avais su vaincre ma timidité et si nous avions pu empêcher des Ibères[1] de prendre toute la place. Je n’envisageais pas de proposer la création d’un parti antinucléaire mais j’aurais bien aimé que l’on s’attarde sur ces questions : « Qu’est-ce que c’est que la lutte antinucléaire ? Qui sont nos adversaires ? De quels moyens disposent-ils ?  Comment lutter ?»

Le forum débutait le matin, le jeudi 2 novembre 2017. J’achetais Libération pour m’occuper dans le métro. Je me rendais au forum et, qui sait, ce journal aurait pu traiter quelque sujet se rapportant de près ou de loin au nucléaire. La quatrième page du journal « Libération » ( ?) était entièrement verte, de la couleur d’une publicité d’EDF pour « les nouvelles offres vertes par EDF » qui disait : « Qu’est-ce qui est vert et qui s’occupe bien des moutons ? ». Belle entrée en matière pour réfléchir aux luttes avant de se retrouver parmi des camarades avides de s’instruire : EDF avait bien choisi son moment pour se rappeler à notre bon souvenir et pour faire étalage de son cynisme et de sa force.

Les communicants d’EDF nous défiaient, me semblait-il, en laissant entendre qu’avec les écolos les moutons sont bien gardés. Ils nous rappelaient qu’à EDF ils ont leurs entrées (payantes ?) dans des médias comme Libération. En outre, ce qui à mes yeux est le plus important, ils proclamaient : « les écolos, c’est nous. »…

(à suivre)

[1] Le Mouvement ibérique antinucléaire (MIA), qui réunit une cinquantaine de mouvements écologistes et citoyens.

https://blogs.mediapart.fr/bernard-elman/blog/231217/reveries-dun-antinucleaire-02

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