« Aujourd’hui, chaque habitant de cette planète doit envisager le jour où elle cessera d’être habitable. Chaque homme, chaque femme, chaque enfant vit sous une épée de Damoclès nucléaire suspendue à un fil qui peut être coupé à tout moment par accident, erreur de calcul ou geste de folie. Les armes de guerre doivent être abolies avant qu’elles ne nous abolissent. » (John F. Kennedy, 25 septembre 1961)
Les bombes atomiques, 70 000 à l’apogée de la Guerre froide, 15 000 aujourd’hui, peuvent provoquer la guerre, en Corée par exemple, et anéantir l’humanité.
Un espoir cependant : le prix Nobel de la Paix couronne la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN) pour son action en faveur du Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN), que 122 États de l’ONU ont voté le 7 juillet 2017.
Voulu pour abolir les armes nucléaires, ce traité est à la fois nécessaire et insuffisant.
Nécessaire, car il fallait les interdire comme les armes biologiques et chimiques, les mines anti-personnel et les bombes à sous-munitions qui frappent indistinctement civils et militaires, commettant des crimes contre l’humanité.
Ce traité est néanmoins insuffisant. Il entrera en vigueur quand 50 États l’auront ratifié. Mais il n’engagera qu’eux. Aucun des 9 États dotés d’armes nucléaires n’a annoncé son intention de le signer.
Pour les États nucléaires, deux procédures d’adhésion sont prévues : avant ou après avoir désarmé. Mais rien n’est prévu pour un désarmement multilatéral, seul moyen, pour des États qui attribuent un rôle dissuasif à ces armes, d’accepter de les éliminer.
Il interdit « à jamais » les armes nucléaires sous tous leurs aspects : possession, fabrication, acquisition, hébergement, transfert, menace d’emploi, emploi « en toute circonstance« … Mais il autorise un État à s’affranchir de ces interdictions un an après avoir invoqué des circonstances « extraordinaires » qui, soit existent déjà, soit peuvent se présenter à tout moment. Il admet donc les « politiques de dissuasion » qu’il condamne par ailleurs.
Il souligne que l’emploi d’armes nucléaires serait catastrophique, mais néglige de rappeler que, selon une résolution de l’ONU du 24 novembre 1961, ce serait un crime contre l’humanité – rappel qui aurait fait de leur interdiction une norme impérative du droit international.
Enfin, il outrepasse son objet lorsqu’il affirme, comme le TNP (Traité sur la Non Prolifération des armes nucléaires), un « droit inaliénable de tous les États Parties de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination », « droit » que le TIAN n’avait pas à interdire, mais pas non plus à proclamer. Il n’existe aucun droit de contaminer la planète, même pacifiquement. En outre, les centrales, stocks et transports de matières nucléaires sont autant de « bombes sales » à la merci d’attentats, d’actes de guerre ou d’accidents climatiques.
Continuant à moderniser ses armes pour 4 et bientôt 6 milliards d’Euros par an, la France ne signera pas le TIAN. Mais elle est tenue par l’article 6 du TNP de négocier avec les autres États nucléaires l’élimination planifiée de leurs armes, sous un contrôle international strict et efficace. Et mutuel. Elle doit donc s’engager sans délai pour un traité d’abolition à deux volets : l’interdiction universelle, et l’élimination totale, définitive et contrôlée des armes nucléaires.
Car il ne suffit pas d’interdire les armes nucléaires, il faut les abolir. Seul un vaste mouvement citoyen se fixant clairement cet objectif pourra y parvenir. Nous appelons à le créer.**
* Appel paru dans Ouest-France le 27 décembre 2017.
** Signataires : Jean-Marie MATAGNE, président d’ACDN, Patrick VIVERET, philosophe, Bruno BOUSSAGOL, metteur en scène, Françoise BOMAN, médecin chercheur, Stéphane LHOMME, directeur de l’Observatoire du nucléaire, Jean-Jacques DELFOUR, philosophe, Pierre PEGUIN, docteur ès-sciences, Kolin KOBAYASHI, journaliste indépendant, Chantal BOURRY, écrivaine, Jacques TERRACHER, officier mécanicien navigant.
Pour voir la liste de ceux qui ont déjà rejoint les premiers signataires et signer à votre tour, cliquer sur : :
http://abolirlesarmesatomiques.wesign.it/fr
Nous étions avertis depuis longtemps. Mais aujourd’hui, selon les savants atomistes, nous sommes à moins de trois minutes de l’Apocalypse. Jamais nous n’en avons été aussi près. Il faut agir d’urgence.
Citoyens, exigeons que la France participe à l’abolition des armes atomiques, interpellons les autorités et les élus, exigeons d’être consultés et entendus sur cette question vitale.
Nous vous proposons de signer cet appel.
Il sera publié et adressé avec la liste de ses cosignataires (Prénom NOM, qualité) au Président de la République et au gouvernement français, auxquels il sera demandé d’engager sans délai la France dans un processus d’abolition (interdiction et élimination complète sous un contrôle mutuel et international strict et efficace) des armes atomiques, conformément à l’article 6 du TNP (Traité de Non-Prolifération) qu’elle a ratifié en 1992, au droit humanitaire et à sa propre constitution.
Les députés et sénateurs seront invités à signer cet Appel, ainsi qu’une Proposition Parlementaire de Loi organisant un référendum d’initiative partagée (parlementaire et citoyenne) sur cette question, dont le peuple français, premier concerné, doit pouvoir s’emparer.
Le collectif pour abolir les armes atomiques prendra de nombreuses initiatives pour faire aboutir cette exigence.
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