L’Iran respecte bien ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire conclu avec les grandes puissances en 2015, selon un rapport trimestriel de l’AIEA rendu public jeudi, alors que le président américain Donald Trump menace de dénoncer le texte en mai.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) atteste notamment que Téhéran n’a pas enrichi d’uranium à des degrés prohibés ni constitué de stocks illégaux d’uranium faiblement enrichi ou d’eau lourde.
Ce satisfecit, attendu, intervient à moins de trois mois de la fin d’un ultimatum fixé par M. Trump pour « remédier aux terribles lacunes » de l’accord, que durant sa campagne il avait menacé de « déchirer » au grand dam des alliés des États-Unis.
Conclu en juillet 2015 sous l’administration Obama entre l’Iran et les grandes puissances (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne), le texte bride et encadre strictement les activités nucléaires de Téhéran de façon à garantir leur nature pacifique.
Mais depuis l’arrivée de M. Trump à la présidence, Washington agite régulièrement la menace d’un rétablissement de sanctions contre l’Iran levées à la suite du texte, une initiative qui signerait de facto la fin de l’accord et qu’ont dénoncée les autres parties prenantes.
Le vice-président américain Mike Pence a réaffirmé fin janvier à Jérusalem qu’à ses yeux le texte était un « désastre » et que les États-Unis s’en désengageraient « immédiatement » s’il n’était pas amendé comme ils l’exigent.
Téhéran, qui a toujours assuré que son programme nucléaire n’a aucune visée militaire, a contre-attaqué début février en accusant Washington de « violation du TNP« , le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, après l’annonce par les États-Unis qu’ils voulaient se doter de nouvelles armes nucléaires de faible puissance.
Le président iranien Hassan Rohani s’est parallèlement dit « satisfait que Trump, après un an de présence à la Maison Blanche, n’ait toujours pas réussi à déchirer l’accord nucléaire comme il l’avait dit« .
« L’accord nucléaire est si solide qu’il a résisté pendant un an aux pressions américaines« , a-t-il souligné le 6 février, tout en relevant le regain d’incertitude que font peser les dernières menaces de l’administration Trump sur l’accord.
Accord menacé
Auparavant, un haut responsable iranien a prévenu à Londres que l’accord sur le nucléaire signé en 2015 était menacé si les entreprises étrangères ne développaient pas davantage leurs échanges avec l’Iran, pointant la responsabilité des États-Unis.
Lors d’une intervention au cercle de réflexion Chatham House, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a visé le président américain Donald Trump, dont l’hostilité à l’accord crée selon lui une « atmosphère destructrice » qui empêche les entreprises de commercer librement avec l’Iran.
« Du point de vue iranien, l’accord n’est pas un succès« , a déclaré Abbas Araghchi. « L’Iran ne bénéficie pas pleinement de la levée des sanctions« .
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2017, Donald Trump n’a cessé de critiquer cet accord conclu sous l’administration Obama, « le pire » jamais négocié par les États-Unis selon lui. Il s’est cependant refusé jusqu’ici à y mettre fin, malgré ses « terribles lacunes« .
Ces commentaires sont « un poison pour le milieu des affaires« , a estimé Abbas Araghchi. « Je ne pense pas que l’accord pourra être maintenu en l’état. Si les entreprises et les banques ne travaillent pas avec l’Iran, nous ne pourrons pas conserver un accord qui ne nous est pas bénéfique« .
Il a estimé que les déclarations de Donald Trump « sont une violation de l’accord, du contenu même du texte« .
Il a prévenu que Téhéran refuserait toute modification de l’accord, y compris une extension au programme de missiles balistiques iranien et averti que si l’accord devait être abandonné, le monde ferait face à « une nouvelle crise nucléaire qui serait très difficile à résoudre« .
Conclu à Vienne le 14 juillet 2015, le Plan global d’action commun (PGAC) prévoit une levée progressive et conditionnelle des sanctions touchant l’Iran en échange de la garantie que Téhéran ne se dotera pas de l’arme atomique.
Il avait été signé par l’Iran d’une part, et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l’Allemagne, d’autre part.
Farida B.
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