PROCÈS GREENPEACE : LE JUGEMENT RENDU EN JUIN [+VIDÉO]

22 militants ainsi qu’un salarié de Greenpeace sont jugés, depuis ce matin, devant le tribunal correctionnel de Privas pour l’intrusion dans la centrale nucléaire de Cruas, le 28 novembre dernier.

9 H 30 : Me Alexandre Faro, avocat de Greenpeace, demande la nullité de la procédure pour Yannick Rousselet, responsable de campagne nucléaire pour l’ONG, poursuivi pour complicité dans l’intrusion de la centrale nucléaire. 

« Je comprends que la défense tente des coups de procédure. Si ça passe, ça passe ! Mais là, ça a peu de chances de passer », indique Thibault de Montbrial, avocat d’EDF, partie civile.

10 HEURES  : « Ce procès est un procès de la forme. On peut imaginer qu’il y a d’autres façons d’exprimer ses convictions », a déclaré Jacques Vuillet, le président du tribunal.

« Nous voulions montrer une faille de sécurité flagrante. On rentre dans une centrale nucléaire avec une échelle. Il suffirait d’être mal intentionné pour provoquer une catastrophe nucléaire. », indique un prévenu à la barre. Titouan Billon, un militant poursuivi pour l’intrusion s’exprime devant le tribunal au nom des activistes.

10 H 30 : Pierre-Yves Michau, le procureur de la République interroge le militant de Greenpeace. « Dans un état de droit, c’est une façon convenable de faire prévaloir vos idées que de violer la loi ? »

10H45 : Thibault De Montbrial, avocat d’EDF, est intervenu juste avant la suspension d’audience pour poser une dernière question au prévenu. « Vous pensez vraiment que EDF et les pouvoirs publics n’en ont rien à foutre de la sécurité des centrales nucléaires ? En vous écoutant, c’est l’impression que vous donnez. EDF serait une bande de zozos et si tout pète, ils n’en n’ont rien à foutre, ils iront vivre ailleurs ! »

11 H 15 : Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de Greenpeace est à la barre. Il est poursuivi pour complicité. Le président du tribunal lui a demandé pourquoi il n’était pas entré dans la centrale avec les militants. « Je suis admiratif de ce qu’ils ont fait. Mais, mon rôle dans cette opération était celui de la communication avec les journalistes. » Il indique ne pas avoir pris part à la mise en place de l’opération.  

11 H 45 : Le procureur de la République a interrogé Yannick Rousselet, salarié de Greenpeace sur la sélection des militants qui s’introduisent dans les centrales nucléaires. « Avez-vous des tests pour être certain qu’un individu n’infiltre pas Greenpeace pour commettre un vrai attentat ? » Le prévenu n’a pas répondu à la question. « Il y a des services qui s’occupent de cela. Pas moi ! »

Jean-François Julliard, le directeur de Greenpeace est à la barre. L’ONG est poursuivie en tant que personne morale.

12 H 10 : Jean-François Julliard, le directeur de Greenpeace assume les actions d’intrusion de l’ONG. « Ces actions sont nécessaires, légitimes et utiles. Les rapports ne suffisent pas. À un moment donné, il faut aller plus loin et provoquer le débat public. Les militants n’avaient aucun intérêt personnel. Ils l’ont fait au sens de l’intérêt général. » 

12 H 22 : L’audience est suspendue jusqu’à 13 heures.

13 H 15 : l’audience reprend avec un témoin cité par Greenpeace. Il s’agit de Bernard Laponche, physicien à la retraite. Il a notamment travaillé au commissariat à l’énergie atomique. Il fait un exposé sur la sureté et la sécurité des centrales nucléaires et des piscines d’entreposage de combustibles usagés et radioactifs.  « Les bâtiments des piscines sont des bâtiments normaux. Ils ont été construits sans préoccupation de sécurité par rapport aux agressions extérieures. » 

14h10 : Norbert Tangy, ancien ingénieur d’EDF est à la barre comme témoin. Il déclare : « je prends très au sérieux l’alerte des militants de Greenpeace (…) d’autant plus dans un contexte où EDF demande d’augmenter la durée de vie des réacteurs au-delà de 40 ans. Je comprends les personnes qui entrent dans les centrales. Elle n’ont plus confiance.« 

14h30 : Quelle est l’épaisseur des murs autour des piscines d’entreposage des combustibles ? Greenpeace assure qu’ils mesurent 30 centimètres. L’ancien salarié d’EDF et directeur de centrale, Norbert Tangy a déclaré à ce sujet, sans vouloir vraiment répondre à la question… : « L’alerte de Greenpeace est justifiée!« 

Le directeur de la centrale de Cruas, Christophe Chanut, arrive à la barre. Il indique que le bâtiment où se trouvent les piscines à Cruas sont « capables de résister à une chute d’avion« .

14h50 : « Je considère que la centrale de Cruas est robuste ; ça ne veut pas dire que rien ne peut arriver mais elle est robuste« , déclare le directeur du site ardéchois.

15h05 : le président du tribunal fait état des casiers judiciaires des prévenus. La majorité d’entre eux n’ont aucune mention à leur casier.

15h25 : l’audience a été suspendue juste avant les plaidoiries des avocats et les réquisitions du procureur.

15h40 : « je suis l’avocat d’une hydre malfaisante. D’un groupe qui se moque de la sécurité, de celle de ses salariés d’abord et de ses compatriotes ensuite. EDF n’est pas si méchante. Greenpeace n’est pas si puissant« , plaide Me Thibault De Montbrial, avocat de la partie civile, EDF.

L’entreprise exploitant de la centrale de Cruas, par la voix de son avocat, demande 500 000 euros à Greenpeace au titre du préjudice subi.

16 heures : « ça me fait penser aux délinquants d’habitude. Vous pouvez mettre 30 sursis à un type, si la prison ne tombe pas, ça ne s’arrêtera pas. Là, c’est pareil ! » insiste l’avocat de la partie civile.

En tout, EDF demande plus de 1,2 million d’euros au titre des préjudices moral et matériel. 

16H30 : « Est ce que vous jugez vos arguments trop faibles, pour basculer dans ce type d’action ? » a interrogé Pierre-Yves Michau, procureur de la République. Il a qualifié l’opération de Greenpeace de « ridicule, irresponsable et dangereuse« .  

« Les militants avaient l’intention de rester plus que dix minutes sur le site nucléaire de Cruas«  d’après le procureur de la République. « Ils avaient des victuailles pour rester plus longtemps que cela. L’opération a été un fiasco pour Greenpeace.« 

17 heures: le parquet a requis 30 000 euros d’amende pour Greenpeace. Pour la totalité des prévenus, il a requis 6 mois d’emprisonnement avec sursis. Pour les trois militants déjà sous le coup d’une peine de sursis, le parquet a requis 4 mois de prison ferme.

17h30 : l’avocat de la défense plaide en ce moment. « J’ai droit à deux procureurs en face de moi« , indique-t-il en visant l’avocat de la partie civile. Il dénonce des dommages et intérêts « punitifs » demandés par EDF.

18H15 : l’audience est terminée. Le jugement est mis en délibéré. Il sera rendu le 28 juin.

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