Si Emmanuel Macron pense que la France va devoir réinvestir dans le nucléaire, il doit choisir un ministre de l’Écologie et de l’Énergie qui assume ce choix.
Espérons que le départ surprise, même s’il n’est guère surprenant, de Nicolas Hulot donnera l’occasion à Emmanuel Macron de clarifier sa position sur l’avenir du nucléaire en France.
À quel camp appartient notre pays ? Si nous ne sommes clairement pas comme nos voisins Allemands engagés dans une sortie de l’atome, sommes-nous, comme semblent l’être les Américains, entrés pour autant sans le dire dans une forme de désintoxication progressive de l’atome en laissant vieillir puis s’éteindre un parc de centrales que l’on aura fait tourner le plus longtemps possible ? Ou, à l’image des Chinois, croyons-nous que notre avenir même très lointain sera forcément en partie au moins atomique et qu’au-delà même de l’EPR en construction de Flamanville nous aurons donc besoin d’investir dans de nouveaux réacteurs ?
Avant de désigner un nouveau ministre de l’Écologie et de l’Énergie, il est primordial que sa feuille de route soit claire : même si c’est à très long terme, doit-il préparer la France à se passer un jour et pour toujours du nucléaire ou devra-t-il nous dessiner un avenir passant par une vague d’investissements pour remplacer nos centrales vieillissantes ? Dans un cas, le gouvernement pourra choisir un « écolo » pur sucre, dans l’autre il devra désigner un défenseur de l’environnement qui n’estime pas que son engagement « vert » sera incompatible avec la poursuite de nos investissements dans de nouveaux EPR, comme le préconise le rapport d’Escatha-Collet Billon.
Qu’il soit à Bercy ou à l’Élysée, Emmanuel Macron a soutenu EDF lorsqu’il s’agissait d’investir dans des EPR en France comme en Grande-Bretagne et il a participé au sauvetage d’un Areva à la dérive. Autant de décisions qui, implicitement au moins, prouvent que le président de la République pense que le nucléaire a encore un avenir et que la France, via EDF, doit continuer d’investir dans cette technologie. Mais est-ce parce qu’il est quelque peu honteux de ce soutien, parce qu’il redoute les conséquences électorales de son penchant atomique ou parce qu’il doute encore, qu’il refuse d’aller un cran plus loin en assumant une véritable ambition nucléaire ?
La France a encore un peu de temps devant elle. Notre parc actuel de central peut encore tourner quelques années. Mais si le gouvernement est persuadé que, quels que soient les progrès que pourront accomplir les énergies renouvelables, notre pays aura encore besoin pendant des décennies d’une part non négligeable de nucléaire, il faudra bien avant la fin du quinquennat qu’il le dise et qu’il en tire les conséquences logiques en sortant d’une sorte de flou atomique qui règne encore aujourd’hui.
https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0302179356401-sortir-du-flou-atomique-2200863.php
NDLR : il n’y a pas de flou atomique chez Macron. Avoir choisi Édouard Philippe (ex cadre d’Areva) comme premier ministre montre une orientation très clairement pro-nucléaire. Parions que les candidats soi-disant « verts » à la succession d’Hulot, mais prêts à poursuivre le nucléaire, ne manqueront pas.
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