L’appel lancé jeudi par le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, à l’Iran quant à des négociations élargies au-delà de ce qui est convenu dans l’accord de juillet 2015 est rejeté par Téhéran.
«Il n’y a aucune raison… de parler, particulièrement sur des questions non négociables, après que tous les efforts de l’Iran et des autres grandes puissances mondiales aient été violés par les alliés de la France facilement et de manière tyrannique», a déclaré hier le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Bahram Qasemi, cité par l’agence iranienne Irna.
Pour le diplomate iranien, «les peuples du monde et les hommes d’État français savent très bien que la politique régionale de l’Iran est conforme à la paix et à la sécurité régionale et internationale et à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Si un tel type de campagne ne plaît pas à certains pays, qui causent des tensions et des crises, ils peuvent réformer leurs politiques».
Il a aussi critiqué les Européens pour leur inaction quant à défendre l’accord. «Ils ont échoué à donner les garanties requises pour protéger la réalisation la plus importante de la diplomatie à l’époque contemporaine», a-t-il déclaré.
Au sujet du programme des missiles de l’Iran, «nous réaffirmons que le programme est défensif, indigène et légitime et est vital pour protéger et préserver l’intégrité territoriale du pays et le peuple iranien et n’est en aucun cas négociable», a ajouté le porte-parole.
Mêmes préoccupations que Washington
Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a prévenu l’Iran qu’il «ne pourra pas échapper à des négociations» élargies au-delà des seuls engagements contenus dans le texte de juillet 2015 à Vienne par l’Iran avec le groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne).
«L’Iran ne pourra pas échapper à des négociations sur trois autres grands sujets qui nous préoccupent» et qui concernent notamment le rôle de Téhéran dans les questions de sécurité régionale, a estimé le chef de la diplomatie française, à son arrivée pour une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Vienne alors que les Européens tentent de sauver l’accord conclu en 2015.
«Il faudra bien parler, il faut que les Iraniens en soient conscients», a indiqué Le Drian qui a cité trois sujets de discussion, à savoir «l’avenir des engagements nucléaires de l’Iran au-delà de 2025, la question balistique (…) et le rôle que l’Iran joue pour stabiliser l’ensemble de la région». Propos qui traduisent les mêmes préoccupations du président américain Donald Trump qui souhaite arracher de nouvelles concessions à l’Iran.
À la suite de son retrait unilatéral de l’accord en mai, Washington a rétabli début août une première série de sanctions contre Téhéran. Une deuxième salve suivra en novembre. Le président américain a affirmé vouloir exercer, à travers ces sanctions, une «pression maximale» pour parvenir à un nouvel «accord global».
L’administration Trump a rendu publique une liste d’activités auxquelles elle demande à Téhéran de renoncer, entre autres son soutien au régime syrien et au Hezbollah libanais, son programme de développement de missiles, son programme nucléaire et les détentions de ressortissants américains.
«Il y a une sorte de prolifération balistique de la part de l’Iran qui d’ailleurs sert aussi des milices qui lui sont proches», a observé le ministre français à Vienne qui a relevé «la tentation hégémonique» manifestée par l’Iran au Moyen-Orient où Téhéran fournit notamment un soutien politique, financier et militaire de premier plan au régime syrien.
L’Iran a exclu à plusieurs reprises toute rencontre avec les États-Unis et toute réouverture des négociations, mettant notamment en avant son respect des termes de l’accord de 2015.
De son côté, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de la surveillance de la mise en œuvre de l’accord, a soutenu de nouveau, jeudi, dans un rapport trimestriel que Téhéran respecte toujours ce pacte.
Comme elle a indiqué avoir eu accès «à tous les sites et emplacements en Iran qu’elle souhaitait». Mercredi, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a réaffirmé que Téhéran n’hésiterait pas à se retirer de l’accord de 2015 si celui-ci ne «préserve plus (ses) intérêts nationaux».
Amnay Idir, 01 septembre 2018 à 0 h 44 min
https://www.elwatan.com/edition/international/accord-nucleaire-iranien-teheran-rejette-lappel-de-paris-a-de-nouvelles-negociations-01-09-2018
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