«Les fuites radioactives sont malheureusement légion car les contrôles sont largement insuffisants», alerte Marie Frachisse, coordinatrice des questions juridiques à l’association Réseau sortir du nucléaire.
Les condamnations à l’encontre d’EDF pour pollution radioactive se multiplient depuis plusieurs années, souvent à l’initiative d’associations. À l’instar de celle dont a fait l’objet la Centrale de Golfech, située en bordure de la Garonne.
En janvier 2010, 450 litres d’effluents radioactifs ont été déversés en dans la nature. Deux ans plus tard à Penly, ce sont des quantités importantes de tritium qui sont détectées dans une nappe d’eau souterraine.
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D’autres plaintes sont en cours. Outre Cruas, une procédure de justice, là aussi pour une pollution au tritium en 2012, est également en cours à Civaux. Idem à Tricastin, suite à un incident en 2013, Golfech en 2016 ou encore Bugey en 2017.
« Ces affaires ne sont que la partie visible de l’iceberg, alerte Marie Frachisse, coordinatrice des questions juridiques à l’association Réseau sortir du nucléaire. Les fuites, voire les rejets intempestifs, sont malheureusement légion car les contrôles sont largement insuffisants. »
Cette spécialiste des questions nucléaires dénonce également le fait que même dans le cadre de rejets autorisés, la population vivant autour des 19 centrales n’est pas tenue au courant. EDF peut en toute légalité rejeter de la radioactivité dans l’atmosphère, comme dans l’eau des rivières, des fleuves ou de la mer. « Ces rejets sont extrêmement encadrés, assure l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ils peuvent être permanents, par le biais des systèmes de ventilation des bâtiments réacteurs par exemple. Ou intermittents, sous la forme d’effluents résultant du traitement des circuits des réacteurs. »
À l’ASN de contrôler le respect de ces normes
Il existe néanmoins des seuils de rejets à ne pas dépasser. Comment les détermine-t-on ? « Chaque site nucléaire fait l’objet d’études d’impact environnemental, reprend l’ASN. Ce sont elles qui permettent ensuite de déterminer les seuils pour chaque site. » « Les décisions sont ensuite homologuées par un arrêté signé des ministres chargés de la sûreté nucléaire, et en premier lieu le ministre de la Transition écologique et solidaire », précise de son côté EDF.
L’usine de la Hague, par exemple, ne peut pas rejeter plus de 30 g (1 016 Bq) de tritium par an, pour 1 600 t de matière nucléaire traitée. À l’ASN de contrôler le respect de ces normes. Soit par l’analyse des données régulièrement fournies par l’exploitant. Soit en réalisant des visites inopinées.
Ce qui, au vu du nombre de condamnation dont EDF a fait l’objet, n’empêche pas les négligences, voire les abus.
Par Erwan Benezet avec Vincent Verier, publié le 23 décembre 2018 à 19h53
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