IRÈNE GUNEPIN : PORTRAIT D’UNE MILITANTE

Bure est un petit village de la Meuse de 80 habitants… et d’un projet d’enfouissement de déchets nucléaires. Ce contre quoi se bat Irène Gunepin, « la dame de Bure ». À 72 ans, cette retraitée active a 25 ans de lutte derrière elle. Elle se bat « pour sauver son territoire et à terme la santé de millions de personnes ».

Bure est choisi pour devenir « le premier site d’enfouissement Cigéo » (Centre industriel de stockage géologique). Il est en chantier depuis 1987, sous l’égide de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, malgré un référendum communal en faveur du non. « Les élus locaux ne tiennent pas compte de la population, l’achat des consciences est très puissant. Pour chaque habitant les villages concernés touchent 500 € par an » soulignent les opposants. 680 hectares sont réservés à l’enfouissement dans un terrain argileux. À terme c’est 300 km de galeries et 130 ans de travaux. « Nous avons un site géothermique hors pair, à cet endroit. Les risques sont énormes et concernent, entre autres, l’activité sismique avec une possible contamination de l’eau de tout le bassin parisien, la Meuse et le bassin de la ville de Vittel. Tout près de là, à Soulaines la nucléarisation de tout un territoire met la santé des habitants à rude épreuve : leucémie, cancers, maladie de Charcot… explosent. Les officiels reconnaissent les problèmes, mais assurent qu’ils seront réglés au fur et à mesure ».

La « Dame de Bure » dérange ?

Sauf que les bonnes paroles et les promesses ne suffisent pas à Irène Gunepin. Pour alerter la population française, elle a fait le trajet Bure-Nantes à vélo. Elle s’est rendue à Notre-Dame-des-Landes et, en échange, plus de 700 jeunes sont venus à Bure. « Ils nous soutiennent, nous apprennent une autre technique de résistance, nous donnent de l’énergie… ». La « Dame de Bure » dérangerait-elle ? En décembre, elle a subi une perquisition à son domicile. Trois heures de fouilles, avec confiscation du téléphone, de l’ordinateur… Et trois heures d’interrogatoire. « J’ai ressenti cela comme un viol » confie-t-elle, avant de conclure « Si Bure ne se fait pas, c’est toute l’industrie nucléaire qui est remise en cause. Car ce projet pourrait être valorisé dans le monde entier, et permettre de vendre de nouveaux réacteurs, vu qu’il y aurait une aire de stockage des déchets »…

Publié le 27 janvier 2019 à 15h36, modifié le 27 janvier 2019 à 19h52

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