LE CONGRÈS AMÉRICAIN ENQUÊTE SUR UN PROJET DE CENTRALES NUCLÉAIRES EN ARABIE SAOUDITE

La Chambre des représentants soupçonne l’administration Trump de vouloir vendre une technologie nucléaire sensible à l’Arabie Saoudite.

Le transfert de technologie nucléaire «pourrait permettre à l’Arabie Saoudite de fabriquer des armes nucléaires». Un rapport publié mardi soir, par la commission de Contrôle et de Réforme de la Chambre des représentants américaine, fait part de ses inquiétudes concernant une vente de technologie nucléaire américaine à l’Arabie Saoudite. Contrôlée par les démocrates, la commission s’interroge sur le rôle de l’administration Trump et sur de possibles conflits d’intérêts.

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Son président, l’élu démocrate Elijah Cummings, a été mis en garde par des lanceurs d’alertes. Ces derniers estiment que «des efforts» ont été faits de la part de l’administration Trump pour «accélérer le transfert de technologie nucléaire très sensible des États-Unis vers l’Arabie Saoudite», décrit le rapport. Et, ce, en violation de la loi relative à l’énergie atomique qui stipule que les États-Unis ne peuvent pas transférer leur savoir-faire nucléaire vers d’autres pays sans garanties que leurs usages seront pacifiques. Or, les autorités saoudiennes n’ont jamais caché leurs dessins. Le prince héritier Mohammed Ben Salman assurait ainsi en 2018 que si «l’Iran développait une bombe nucléaire», son pays suivrait «le plus vite possible».

Conflit d’intérêts

Plusieurs visites ont été arrangées entre les autorités américaines et saoudiennes comme en 2017 lorsque Jared Kushner, gendre et proche conseiller de Donald Trump, rencontre Mohammed Ben Salman. La commission met surtout en lumière un cas de conflit d’intérêts avec le groupe privé IP3 International. Ce conglomérat de plusieurs entreprises américaines est à l’origine du projet de centrales nucléaires en Arabie Saoudite. L’une de ses filiales présentait le général Michael Flynn comme l’un de ses conseillers de juin à décembre 2016, au moment même où il occupait la fonction de conseiller spécial de Donald Trump lors de la campagne présidentielle et de la période de transition. Une fois le magnat de l’immobilier investit, il aurait continué de plaider en faveur du plan souhaité par IP3.

«Ces entités commerciales engrangeraient des milliards de dollars grâce aux contrats liés à la construction et à l’opération d’infrastructures nucléaires en Arabie saoudite et ont semble-t-il eu des contacts proches et répétés avec le président Trump et avec son administration jusqu’à ce jour», relève Elijah Cummings dans son rapport. La commission a reçu des documents prouvant que plusieurs rencontres avaient eu lieu entre des responsables d’IP3 et des membres de l’administration Trump, même après la démission de Michael Flynn, emporté par ses mensonges sur le contenu de ses rencontres avec des diplomates russes.

La commission poursuit ses recherches pour déterminer si cette vente se fait dans «les intérêts des États-Unis», ou «sert ceux qui ont des avantages financiers à tirer de ce changement potentiel de la politique étrangère» américaine. Les élus démocrates craignent notamment que ce transfert ne se fasse très rapidement. «Le 19 février 2019, le président a rencontré des développeurs d’énergie nucléaire à la Maison-Blanche à propos du partage de la technologie nucléaire avec les pays du Moyen-Orient, y compris l’Arabie saoudite», indique la commission. La loi relative à l’énergie atomique précise pourtant que le Congrès doit examiner tout potentiel transfert d’énergie atomique.

Par Le figaro.fr AFP agence, publié le 20/02/2019 à 13h10, mis à jour le 20/02/2019 à 14h58

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