Les tarifs de l’électricité ont sensiblement augmenté depuis 2009.
- Les tarifs réglementés de l’électricité vont augmenter de 5 à 6 % en juin.
- Cette hausse risque de se poursuivre dans les prochaines années, notamment en raison des investissements pour développer les énergies renouvelables.
- Le coût du nucléaire, pour la prolongation ou le démantèlement, pose lui aussi question.
D’ici quelques mois, des millions de Français vont voir leur facture d’énergie s’alourdir. En effet, le gouvernement a confirmé il y a quelques jours que les tarifs réglementés de l’électricité, appliqués par EDF à quelque 28 millions de clients, augmenteraient en juin de 5 % à 6 %. C’est dans ce contexte que l’Insee publie aujourd’hui une étude sur les dépenses d’électricité.
Selon l’institut de la statistique, « la consommation d’électricité des ménages s’établit à 28 milliards d’euros [en 2016, dernière année étudiée] (…) soit 960 euros en moyenne par ménage et par an ». En prenant cette base de calcul, l’augmentation des tarifs prévue dans quelques mois représenterait alors un surcoût annuel moyen compris entre 48 et 56 euros pour les particuliers.
CCE et « gilets jaunes »
Cette augmentation contraste avec les tarifs des décennies précédentes. Entre les années 1980 et la fin des années 2000, « les prix de l’électricité sont plutôt stables » relève l’Insee. Cela est dû au développement des centrales nucléaires. Mises en service au cours des années 1980, elles permettent d’être moins dépendantes aux variations des cours du pétrole. En outre, « durant cette période, l’énergie électrique est peu taxée, ce qui joue aussi sur la modération des factures ».
Un premier basculement s’opère à partir de 2009, avec l’augmentation brutale d’une taxe : la contribution au service public de l’électricité (CSPE) se retrouve ainsi multipliée par cinq en quelques années. « Cette contribution acquittée par les consommateurs permet, entre autres, de financer le surcoût de l’électricité d’origine renouvelable », relève l’Insee. En 2016, c’est une autre taxe qui prend le relais : la contribution climat-énergie (CCE ou « taxe carbone »), prélevée notamment sur les carburants. Devenue la cible des « gilets jaunes », son augmentation a pour l’instant été suspendue par Emmanuel Macron. Au final, la part des taxes représentait 35 % du prix total de l’électricité en 2016, contre 26 % en 2010, une évolution similaire aux autres pays de l’Union européenne.
Malgré ces augmentations successives, « un ménage français paye en moyenne son électricité 20 % moins cher que dans l’ensemble de l’UE, et pratiquement moitié moins qu’un ménage allemand » assure l’Insee. Cette différence tient essentiellement à la part du nucléaire, qui représente encore 72 % de la production totale d’électricité.
La question du nucléaire
Pourtant, plusieurs facteurs pourraient entraîner une hausse des prix de l’électricité dans les années à venir. Dans une interview à La Croix, François Lévêque, professeur d’économie à Mines ParisTech, rappelait notamment que les fermetures de centrales à gaz ou au charbon en Europe entraînaient mécaniquement « moins d’offres aux heures de pointe, et donc une hausse de prix ».
Le spécialiste rappelait aussi que le développement des énergies renouvelables devait s’accompagner d’investissements sur le réseau pour permettre la transition énergétique. Le dernier facteur, c’est le coût de la maintenance nucléaire : la prolongation ou le démantèlement des réacteurs français, vieux de 40 ans, coûteront des milliards d’euros dans les prochaines années. EDF a déjà commencé à provisionner de l’argent, mais un rapport parlementaire de 2017 estimait que le groupe sous-estimait les dépenses à venir, avec le risque que la facture soit, au final, à la charge de l’usager.
https://www.20minutes.fr/economie/2489267-20190404-francais-payent-moyenne-960-euros-electricite-an-facture-va-grimper
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